Déguerpies de leurs maisons, terrains il y a quelques semaines par les autorités de la transition pour cause d’occupation illégale de la zone aéroportuaire, les victimes ne semblent pas se laisser faire. Elles estiment être laissées dans leurs droits par la faute du même Etat malien. Sur initiative du Bureau de la Coordination des Associations des Déguerpis de Niamakoro, soutenue par l’Union des Associations et des Coordinations d’Associations pour le Développement et la Défense des Droits des Démunis (UACDDDD), avec à sa tête Soungalo Koné, le secrétaire général Massa Koné, et les représentants des chefs des quartiers de Kalabancoro et de Niamakoro , respectivement Mahamadou Simbo Traoré et Drissa Diarra, une conférence de presse a été animée, le 16 février 2021, sur l’espace aéroportuaire par les déguerpis. L’objectif principal recherché par les victimes et leurs soutiens de taille, à savoir l’UACDDDD, les chefferies de Niamakoro et de Kalabancoro, est d’arrêter sans condition la démolition des maisons entamée par les autorités, mettre les personnes ou les familles qui ont été victimes de cette démolition dans leurs droits, c’est-à-dire, leur rendre leurs parcelles démolies, mettre en place une commission composée de toutes les parties prenantes du conflit pour que la vérité sur l’affaire de l’aérport soit dévoilée une bonne fois pour toute aux Maliens afin d’en finir avec les commentaires.
Se prononçant sur cette question de destruction des maisons qui, selon lui, est une mascarade de l’Etat, Mahamadou Simbo Traoré, a été, on ne peut plus, clair dans ses propos. «Le chef de quartier de Kalabancoro m’a envoyé ici dire aux autorités actuelles du pays d’arrêter purement et simplement les démolitions et de restituer aux personnes qui ont été victimes de leur mésaventure, leurs espaces. Pour nous, le gouvernement doit se soucier des conditions de logement, de nourriture de ses concitoyens. Au lieu de cela, il détruit ce que les pauvres citoyens ont construit avec leurs maigres moyens. Si un Etat ne peut se soucier des meilleures conditions de ces sujets, son existence n’a pas de raison d’être », a fait savoir Mahamadou Simbo Traoré. Pour terminer, il a rappeler à l’Etat malien que « Kalabancoro a donné l’Aéroport Modibo Kéita à l’Etat malien à 0 Fcfa. Modibo Kéita, président du Mali à l’époque, n’a donné que de la Cola pour ça. Kabala a tout donné à l’Etat: le centre sportif de Kabala, le Campus Universitaire de Kabla, l’Aéroport international Modibo Kéita, Gouvernorat, prefecture, etc. » Et Drissa Diarra, representant du chef de quartier de Niamakoro, d’ajouter : «Au nom du chef de quartier de Niamakoro, nous demandons à tous ceux dont les maisons sont démolies de rester sereins. Le chef de quartier m’a dit de vous dire que malgré son âge (100 ans et plus), il mettra tout en œuvre pour que leurs terres leurs soient restituées». Selon eux, l’Aéroport les a trouvés là. S’il ne peut supporter leur présence, qu’il s’en aille très loin.
Massa Koné, secrétaire général de l’UACDDDD, n’est pas passé par mille chemins pour dénoncer une manipulation de la part des autorités actuelles pour se faire aimer par les partenaires et les occidenteaux. «En cassant, détruisant les champs, les maisons de nos parents, l’Etat vient de nous montrer que l’Aéroport vaut mieux que nos cultures, que nos familles, qu’il se moque de comment nous mangeons, dormons, vivons etc. Tous ceux dont les maions ont été démolies ont des documents offiels de l’Etat, des permis d’occupation délivrés par l’Etat. Pourquoi se lever contre ces innocents aujourd’hui?». Pour nous, ajoute Massa Koné, ces autorités ne travaillent pas pour soulager les peines des Maliens, mais pour l’extérieur, pour se faire aimer par les occidenteaux, pour qu’à la fin de la transition, elles aient des postes juteux à l’extérieur dans les instances internationales. La première fois que cet espace a été donné, dit Massa, sa surface était de 5580 hactares. Mais pour leurs propres intérêts, ils l’ont ramenée à 8000 hectares et à 7000 hacatres ensuite. « Tout ça, pour voler, construire des hôtels et immeubles», a relaté Massa. On nous parle depuis un certain temps que cette zone est classée. «C’est faux et archi-faux. La zone aéroportuaire ne peut pas être classée. La preuve en est que l’espace qu’occupe l’entreprise Toguna (une cenquantaine d’hectares), a été déclassifié parle le régime d’ IBK en 2019. Cela a été rendu possible parce que l’argent à couler à flot. Mais quand on est pauvre, on nous parle de classification», regrette Massa Koné.
Hadama B. Fofana
Le Républicain