Accueil ECONOMIE Statu quo au CNPM : Comprendre les origines de la crise

Statu quo au CNPM : Comprendre les origines de la crise

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Depuis sa création, le Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), très certainement en raison de la forte volonté de ses pères fondateurs de maintenir l’unité et la cohésion en son sein, est toujours parvenu à s’accorder sur une liste unique consensuelle lors du renouvellement de ses bureaux successifs.

Le système a bien marché jusqu’à l’élection en 2015 du Bureau sortant qui a géré le CNPM sur la période 2015-2020 dans un semblant de cohésion avant que les difficultés ne surviennent.

Que s’est- il donc passé pour qu’un Vice-Président du Bureau sortant se retrouve candidat face à son Président ?

Les raisons sont à rechercher dans le principal grief formulé par une bonne frange du bureau et des membres du CNPM, à savoir la gestion solitaire du Président sortant qui tranchait avec les pratiques et l’esprit consensuel qui régnaient lors des mandats précédents.

L’une des illustrations de cette rupture est la prise récurrente de décisions par le Président sans concertation préalable des membres de son Bureau.

Par ailleurs, de nombreux membres du Bureau n’auraient pas apprécié le bicéphalisme installé dans le management du CNPM avec les vrais et seuls centres de décision articulés autour du Président Coulibaly et son Secrétaire Général. Ce dernier, bien que salarié, se retrouvait ainsi placé au-dessus des membres élus du Bureau.

Quelques mois avant la fin du mandat, lors d’une réunion de Bureau, il y aurait même eu une vive altercation entre un Vice-Président et le Secrétaire Général sur la question de la présentation du bilan. La réponse agressive et discourtoise de ce dernier et le silence du Président qui s’en est suivi (pouvant être assimilé à une approbation) a contribué certainement à l’élargissement de la fracture.

Selon certains observateurs, cette gestion en duo avec son Secrétaire Général se serait progressivement muée en un véritable organe exécutif du CNPM, avec le constat d’une orientation progressive des activités et des prestations de l’Organisation vers des sociétés appartenant totalement ou en partie au Président Coulibaly. Tel serait le cas par exemple de contrats d’assurances, de restauration, de communication, d’édition et de publication, de billetterie pour les déplacements hors du pays, d’achat de mobiliers et de véhicules, de formation du personnel du CNPM et des groupements professionnels.

Comme autre symptôme de cette gestion patrimoniale, on peut également citer la présence et l’implication récurrente de certains cadres des entreprises du Président sortant dans la gestion des affaires du CNPM.

En outre, la gestion du contrat du Programme de Vérification des Importations (PVI) a été un autre révélateur de cette situation anormale. Signé depuis 2018 entre le CNPM et le Gouvernement pour une durée de cinq (5) ans, ce contrat aurait été, jusqu’au terme du mandat du bureau sortant, exécuté à l’insu de la plupart de ses membres. Or, faut-il le rappeler, le Bureau demeure l’organe décisionnel statutaire de l’Institution.

Face à tous ces écarts, la candidature de Monsieur Diadié dit Amadou Sankaré n’a donc pas été surprenante, car perçue comme une conséquence directe de ce climat délétère installé au sein du CNPM.

Ainsi, ce dernier a commencé à dévoiler ses ambitions pour la présidence du CNPM, en proposant la mise en œuvre d’un programme offensif visant à déconstruite la gestion patrimoniale installée à la tête du CNPM et à assurer une meilleure implication et responsabilisation des chefs des entreprises significatives du Mali, synonymes d’une vraie Organisation patronale.

Adhérant à cette vision, les Groupements professionnels et les Conseils Patronaux de Région, à travers leurs délégués, l’ont plébiscité lors de l’Assemblée générale élective de septembre 2020. Depuis le 12 octobre 2020, date de son installation officielle à la présidence du CNPM, il ne cesse de clamer sa volonté d’ériger l’organisation en un groupe compact, solidaire, puissant, capable de mieux défendre les intérêts du secteur privé.

En définitive, on assisterait à la confrontation de deux logiques inconciliables :

D’un côté, un CNPM pour les entreprises avec des droits de vote qui seraient accordés aux véritables entreprises pourvoyeuses de valeur ajoutée pour le pays et de ressources endogènes pour le CNPM à travers le payement de leurs cotisations;

De l’autre côté, l’argument de ceux qui se réclameraient « des pères fondateurs du CNPM  » avec une opposition farouche à tout changement par rapport au système actuel donnant l’essentiel des pouvoirs de vote aux organisations professionnelles avec de nombreux cas avérés d’achats de votes.

C’est aussi cette seconde tendance qui a l’ambition de mettre en place un  » Comité transitoire  » présidé par le trésorier du bureau sortant du CNPM et non moins membre actif de la liste contentieuse du Président sortant.

L’affaire est cependant pendante devant la justice :

Si la première bataille semble avoir été à l’avantage de Monsieur SANKARE à travers la présence de son équipe dans les locaux du CNPM, la suite reste entre les mains d’abord de la justice malienne, ensuite dans celles du secteur privé dans sa globalité.

L’équipe du Président SANKARE va-t-il pouvoir être confirmé par la justice malienne?

Les semaines et les mois à venir s’annoncent décisives.

Abdoulaye Traoré Macro-économiste

Source: l’Indépendant

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