Le Plan d’action du gouvernement de transition, présenté par le Premier ministre, Moctar Ouane, devant les membres du Conseil national de la transition (CNT), reste très démesuré et pourrait par conséquent être difficilement exécuté pendant les 14 mois qui nous séparent de la fin de la transition.
Le Plan d’action du gouvernement de transition (PAGT), présenté par le Premier ministre, Moctar Ouane, devant les membres du Conseil national de la Transition (CNT), comporte 6 axes déclinés en 23 objectifs, adossés à 275 actions à évaluer à travers 291 indicateurs.
«Cet ensemble cohérent d’actions vise à atteindre, dans un horizon précis, des objectifs définis, avec des moyens identifiés dans le respect du temps imparti et des équilibres macroéconomiques et financiers», a déclaré le Premier ministre, Moctar Ouane.
Sans en donner le moindre détail, le Premier ministre a indiqué que la mise en œuvre du Plan d’action du gouvernement contribuera aux réformes politiques et institutionnelles nécessaires à la consolidation de la démocratie, c’est-à-dire à renforcer la stabilité des institutions démocratiques et républicaines, et à améliorer la gouvernance.
Si le CNT l’a adopté à 100 voix pour, 3 contre et 3 abstentions, force est de reconnaître que le PAGT pourrait être difficilement exécuté avant la fin de la transition qui s’achève dans 14 mois. Il reste trop ambitieux et les économistes n’hésiteront pas à le qualifier d’éléphant blanc puisqu’il ne pourrait pas être réalisé dans le délai imparti. À moins qu’on veuille rallonger la durée de la transition.
Car ce n’est un secret pour personne que la transition ne pourra pas refonder le système éducatif (sur ce cas précis pourquoi ne pas recourir aux conclusions des différents fora sur l’éducation) ; encore moins de mener à terme toutes les réformes politiques et institutionnelles notamment le parachèvement du processus de réorganisation territoriale, la réforme du système électoral en prenant en compte les Maliens établis à l’extérieur, l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle Constitution et la poursuite du chantier de la régionalisation.
Si ce dernier point peut être à sa portée, les autres ne sont pas acquis et prendront du temps. «Dans un contexte qui est le nôtre où depuis trois décennies nous cherchons à réviser la Constitution, si cela doit être posé comme préalable à l’organisation des élections, nous devons tous nous dire que le temps va manquer», a déclaré BocariTréta, président du RPM depuis Ségou.
Le temps n’est pas le meilleur allié et le Premier ministre devrait le savoir. Il le sait mieux que quiconque qu’on ne pourra pas résoudre tous les problèmes du pays pendant la transition. En se donnant plusieurs priorités, le Premier ministre Ouane risquerait de se fourvoyer même s’il faut reconnaître que son intention reste louable comme sa volonté de négocier avec les groupes terroristes. Mais cela n’est pas suffisant pour gérer un pays comme le Mali qui a besoin d’une thérapie de choc.
Un catalogue de bonnes intentions selon le Dr. Etienne Fakaba Sissoko
On ne le dira jamais assez, la transition doit avoir comme priorité, le retour de la paix et de la sécurité et l’organisation des élections générales et enfin poser les jalons de la refondation de l’Etat. Sortir de ce postulat n’est que de la spéculation, dont le Mali, à l’état actuel, n’a pas besoin.
En se donnant plusieurs priorités, le Premier ministre Ouane risquerait de se fourvoyer même s’il faut reconnaître que son intention reste louable comme sa volonté de négocier avec les groupes terroristes. Mais cela n’est pas suffisant pour gérer un pays comme le Mali qui a besoin d’une thérapie de choc.
Les observateurs sont d’autant plus sceptiques de la faisabilité du PAGT du Premier ministre que celui-ci ne donne aucun chiffre. Même sur la réduction du train de vie de l’Etat, Moctar Ouane se contente tout simplement d’annoncer qu’il s’emploiera à réduire l’utilisation des voitures de l’Etat.
Sur les ondes de radio Rempart FM, Dr.ChoguelKokalla Maïga, membre du comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), mouvement à la base de la chute du régime IBK, a indiqué que le gouvernement ne pourra pas exécuter ce programme même en dix ans. Pour lui, le Premier ministre devrait concentrer son énergie sur trois choses : la sécurité, la lutte contre la corruption et l’organisation des élections générales.
Le président du Mouvement patriotique pour le Renouveau (MPR) n’est pas le seul à penser ainsi. Beaucoup de Maliens doutent de la faisabilité du PAGT du Premier ministre Moctar Ouane. Parmi ceux-ci, figure l’Universitaire Dr. Etienne Fakaba Sissoko, qui, sur le plateau de Renouveau TV, a estimé que la déclaration du Premier ministre Ouane n’est qu’un ensemble, un catalogue de bonnes intentions qui ne tient malheureusement pas compte du contexte politique dans lequel on se retrouve.
De l’avis de Dr. Sissoko, toutes les réformes qui ont été envisagées ne peuvent se faire que dans un cadre de consensus politique. «Que ça soit la révision constitutionnelle, l’organe unique de gestion de la transition, tout cela nécessite l’inclusivité. Et aujourd’hui le clivage qui a été fait même s’il faut saluer la tenue de la rencontre entre le Premier ministre et la classe politique. Ce n’est pas suffisant pour aller vers ce chantier», a souligné Dr. Sissoko, enseignant à la faculté des Sciences économiques et de gestion (FSEG) de l’Université des Sciences sociales de Bamako (USSB).
Toutefois, pour Ibrahim Maïga, conseiller spécial du Premier ministre, les 06 axes du PAGT découlent de la feuille de route qui a été adoptée lors des journées de concertation. Il a indiqué que les Maliens qui étaient réunis à cette occasion ont adopté 06 axes, à savoir : la sécurité, la gouvernance, l’éducation, les réformes du système politique et institutionnel, l’adoption d’un pacte de stabilité sociale et enfin l’organisation des élections générales.
Abdrahamane SISSOKO
Source: Le Wagadu