En Guinée, l’épidémie d’Ebola reste présente à Nzérékoré dans le sud du pays avec 15 cas confirmés ou probables dont cinq sont décédés. Au centre de traitement des épidémies de Nzérékoré, le Dr Papus, lui-même survivant de la première épidémie d’Ebola, a décidé de faire de la lutte contre le virus un combat personnel.
Avec notre envoyé spécial à Nzérékoré, Carol Valade
Face à l’épidémie d’Ebola qui sévit en Guinée, la riposte se poursuit avec la vaccination des contacts et le traitement des malades. Les centres de prise en charge ont été réactivés et ceux qui avaient combattu la première épidémie ont été remobilisés.
Blouse verte, un regard rassurant, Dr Papus a réchappé au pire en octobre 2014 : « Mon papa était chirurgien à Nzérékoré, il est rentré en contact avec un patient. Il n’a pas pris le soin de se désinfecter les mains, c’est comme ça qu’il a attrapé la maladie ».
Son père, son oncle et leur chauffeur décèdent, lui-même est transféré dans un centre en urgence : « Lorsque les résultats sont arrivés, j’étais gravement malade. Je n’avais plus d’espoir. Déclaré guéri, je n’ai pas pu rester les bras croisés ». Il se lance alors donc dans la prévention.
L’annonce de la résurgence de la maladie, il y a 10 jours, lui a fait l’effet d’un électrochoc : « Les familles qui subissent cela aujourd’hui, c’est comme si c’était moi qui étais encore dans le même scénario. C’est ce qui a fait que cette fois-ci, j’ai tout laissé pour venir encore affronter ce même démon. »
Aujourd’hui, c’est lui qui annonce les résultats des tests aux malades. À ceux qui doutent encore, il adresse ce message : « Ebola, c’est une réalité. Mais il faut l’avoir dans ton corps pour le savoir donc on ne doit pas blaguer avec ça, on ne peut pas négocier avec lui. Cacher des patients à la maison, c’est aggraver la situation et c’est perdre les personnes qui nous sont chères. C’est la peur qui peut pousser à faire ça, mais la peur ne peut pas combattre. Il faut affronter la maladie et ça m’a permis d’être là aujourd’hui. »
La lutte contre Ebola est devenu un combat personnel pour le Dr Papus, qui ne compte pas s’arrêter tant que la maladie sévit.
RFI