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Madagascar: la société civile débat sur l’enseignement public

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La société civile malgache dresse un état des lieux inquiétant de l’enseignement public dans le pays. Dans la capitale, Antananarivo, des associations ont organisé une conférence débat sur le système éducatif malgache. Si la Constitution exige de l’État un « enseignement public, gratuit et accessible à tous », dans la réalité cette disposition est loin d’être appliquée.

De notre correspondante à Antananarivo

Dans l’assistance, les questions concernant la gratuité de l’école fusent. Cette année, les frais d’inscription sont pris en charge pour soulager les ménages touchés par la crise liée au Covid-19 mais de nombreux parents d’élèves contribuent au paiement des salaires des « maîtres Fram », ces enseignants non diplômés recrutés par les écoles pour pallier le manque de professeurs fonctionnaires. Augmenter le budget de l’éducation pour garantir un enseignement public totalement gratuit tous les ans, c’est la demande principale de la société civile.

► Lire aussi : Madagascar: les droits d’inscription à l’école gratuits pour cette année

« C’est dans les moyens de l’État, assure Hery Rason, le directeur exécutif de l’ONG Ivorary. Si on a pu mobiliser autant de fonds pour la lutte contre le Covid-19, pourquoi pas pour l’éducation ? On ne demande que 300 à 400 milliards d’ariary par an pour l’éducation. On a les moyens mais il faut que politiquement, on se dise tous que la priorité, c’est l’éducation. Dans les années 90, Madagascar comparé à d’autres pays francophones était premier en mathématique et deuxième en français et aujourd’hui on est très loin du compte. Il y a le niveau des élèves mais il y a aussi le niveau de certains professeurs qui est remis en cause actuellement. »

Au-delà de la gratuité, c’est aussi la qualité de l’enseignement qui est à revoir estime la société civile. Le recrutement de professeurs qualifiés fait défaut et de fortes inégalités en fonction du lieu d’habitations des élèves subsistent explique Tsimihipa Andriamazavarivo, le coordinateur de l’ONG Tolotsoa.

« Les taux d’abandon scolaire et de déperdition scolaire sont beaucoup plus importants dans les milieux ruraux. Là où il y a moins d’école, là où les enfants sont obligés de faire des kilomètres pour aller à l’école et là aussi où il y a des difficultés pour ces écoles d’assurer les cantines scolaires. Donc il y a cette inégalité d’accessibilité faute de décentralisation. »

1,4 millions d’enfants malgaches de 6 à 10 ans ne sont pas scolarisés selon les estimations les plus récentes du Fonds des Nations unies pour la population. Moins de trois enfants sur cinq achèvent l’enseignement primaire, selon une étude de 2018 de l’Unicef. Malgré la prise en compte de l’éducation dans les plans nationaux de développement, depuis plusieurs années, Madagascar ne dispose pas d’actions claires pour traduire en faits ce que disent les textes, déplore la société civile.

Dans ses 13 « velirano » ou « promesses » en français, le président malgache a indiqué vouloir assurer l’éducation pour tous. Depuis la fin d’année dernière, les autorités ont lancé la mise en place d’écoles primaires et de collèges aux normes appelés « manara-penitra ». Des établissements accessibles uniquement aux excellents élèves.

RFI

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