Le Premier ministre Moctar OUANE a confirmé le lundi dernier que les prochaines élections ne seront pas supervisées par l’organe unique tant réclamé par la classe politique en vue de mettre fin aux crises postélectorales par la réduction des fraudes et au tripatouillage des suffrages. Une occasion inouïe que la classe politique laisse passer sans piper un mot.
Depuis des années, l’après-élection est source de contestations, d’affrontements entre les acteurs politiques de notre pays. Les contestations des résultats des législatives de 2020, avec des députés dont le mandat a été écourté par le coup d’État du 18 août, constituent l’une des conséquences de cette situation. Bien avant celles-ci, les partis de l’opposition ont manifesté, en 2018 et 2019, pendant plusieurs mois pour contester l’élection du Président IBK pour son second mandat.
C’est pour éviter ces situations que la classe politique dans sa totalité a décidé de revoir le système et le processus électoral au Mali. A cet effet, une réforme a été proposée aux autorités et validée par les concertations nationales tenues au Centre international de conférence de Bamako par la junte. L’objectif de cette réforme du Code électoral est de mettre fin à la multitude d’intervenants dans l’organisation des élections (la DGE, la CENI, le ministère de l’Administration territoriale). Sa finalité est de garantir et de sécuriser les suffrages exprimés par les électeurs.
En lieu et place de ces structures, c’est un seul organe qui se chargera de l’organisation des consultations électorales dans notre pays. Cette initiative aura l’avantage de minimiser les fraudes et les tripatouillages des résultats des scrutins dont se plaignent la classe politique et les électeurs. Si le format a été approuvé, son application devrait attendre encore. En effet, le Premier ministre, Moctar OUANE devant le Conseil national de Transition où il a présenté son plan d’action du gouvernement a confirmé a annoncé officiellement que cet organe unique ne supervisera pas les prochaines élections. L’une des raisons avancées par le Premier ministre est le manque de temps. Ainsi, pour combler le vide, il a annoncé que des rencontres se tiendront avec l’ensemble des acteurs en vue de trouver un format consensuel pour l’organisation des futures élections.
Ainsi, l’espoir d’une élection non contestée à l’issue de la Transition s’envole dans un silence assourdissant des acteurs politiques qui n’ont cessé de crier et se battre pour cette réforme. Le plus ahurissant est que les responsables semblent avaler cette pullule après des années de combat. S’ils n’ont pas eu confiance à l’ancien système, quel format vont-ils dégager en ce laps de temps pour tenir des élections non contestées comme promises par le président de la Transition Bah N’DAW lors de son investiture ? Personne ne pipe mot comme si la décision du Premier ministre les contentait. Tout se passe comme si la création de cet organe unique est le dernier de leurs soucis.
Il faut noter qu’outre la fiabilité du fichier électoral, la crédibilité des élections est également fonction de la confiance des acteurs envers les structures qui les organisent. Ce qui est certain, le Mali est à la croisée des chemins. L’un des moyens pour permettre au pays de partir sur de nouvelles bases est l’organisation d’élections crédibles et transparentes.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN