Samedi dernier, la Food and Drug Admnistration (FDA) américaine donnait son feu vert au vaccin de Johnson & Johnson. L’EMA, son homologue européenne, a de son côté annoncé qu’elle se réunirait pour prendre sa décision la semaine prochaine. Après ceux de Pfizer-BioNTech, Moderna et AstraZeneca, le vaccin développé par le laboratoire américain devrait ainsi être le quatrième autorisé sur le Vieux Continent.
Le produit mis au point par Johnson & Johnson possède plusieurs avantages. À l’inverse de ceux de Moderna et Pfizer, il se conserve dans un simple réfrigérateur. Plus intéressant encore, il ne nécessite qu’une seule dose. Son efficacité est également de bon niveau : 66% d’efficacité en moyenne pour prévenir les formes modérées à sévères du Covid-19, mais également une bonne tenue face au variant sud-africain. En effet, une partie de l’essai clinique a été menée en Afrique du Sud alors que ce variant y était déjà majoritaire. Si une relative baisse d’efficacité a effectivement été constatée, elle reste tout de même d’un bon niveau : 64%. Ce chiffre monte même à 80% pour prévenir les formes les plus graves de la maladie. Cette bonne tenue est rassurante et permet même d’envisager que les autres vaccins se comportent de la même façon, même s’il faudra encore attendre plus de données pour s’en assurer.
Si l’Agence européenne des médicaments (EMA) prend la même décision que son homologue américaine, ce vaccin constituera donc une arme de plus. Un bémol cependant : le laboratoire ne pourra pas fournir de grandes quantités de doses avant le mois de mai.
Phase 4
Sans attendre jusque-là, les vaccins actuels semblent tout aussi efficaces qu’annoncés, voire un peu plus. En effet, après les phases 3 des essais cliniques qui ont permis de déterminer leur effet contre le Covid-19, nous sommes désormais en « phase 4 », celle de la vraie vie. L’étude la plus récente sur le sujet vient d’Écosse. Elle a été soumise au British Medical Journal. Elle indique que les vaccins développés par AstraZeneca et Pfizer-BioNTech tiennent effectivement leurs promesses, et qu’ils font même mieux : on lit ainsi qu’ils ont une très bonne efficacité dès la première dose injectée. Cela a été mesuré quatre semaines après son administration. Elle diminue le risque d’hospitalisation de 94% et 85% respectivement. Ces données suggèrent également que cette efficacité se maintient pour les personnes les plus âgées ; c’était une interrogation qui trouve donc en partie réponse. Cette bonne nouvelle a ainsi poussé plusieurs autorités sanitaires, dont la française, à élargir aux plus de 65 ans l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca, étendant la recommandation en vigueur jusqu’alors.
Un vaccin universel ?
La disponibilité de ces vaccins, l’arrivée de nouveaux n’empêchent par ailleurs pas la recherche fondamentale de se poursuivre. Plusieurs études sont menées pour développer un produit qui ciblerait plusieurs coronavirus en même temps.
En effet, on a longuement parlé ces douze derniers mois de l’effort incroyable qu’a représenté le développement d’un vaccin contre le coronavirus ; mais il ne s’agit que d’un représentant de cette famille de virus : le SARS-CoV-2. En une vingtaine d’années, après le SARS-CoV-1 et le MERS-CoV, c’est ainsi le troisième qui provoque une épidémie. Il est donc tout à fait probable qu’un quatrième surgisse dans les années à venir. Plutôt que de reprendre alors à zéro le travail de développement d’un vaccin, certains appellent alors d’ores et déjà à développer un vaccin qui fonctionnerait contre l’ensemble de la famille des coronavirus, une sorte de vaccin universel. C’est le sens d’un appel lancé par les dirigeants du consortium Human Vaccines Project et de Gavi, l’alliance mondiale pour la vaccination, dans un éditorial paru dans la revueScience. Le principe consiste à cibler une partie commune à l’ensemble de ces coronavirus. Elle serait si essentielle pour eux qu’elle ne risquerait pas d’évoluer au gré des mutations et serait ainsi également présente sur un nouveau virus qui émergerait. Plusieurs travaux sont déjà menés pour explorer cette piste, mais ils restent encore très préliminaires. La tâche est en effet ardue : un effort similaire est mené depuis plus de 20 ans pour parvenir à un vaccin universel contre la grippe, qui éviterait d’avoir à se faire vacciner tous les ans. Ces recherches sont malheureusement encore loin d’aboutir.
RFI