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Clément Beaune à RFI: en Moselle, il ne faut pas que «l’émotion se transforme en colère ou en haine»

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Cela complique la vie de 16 000 travailleurs frontaliers français : depuis mardi, les habitants de Moselle voulant se rendre en Allemagne doivent présenter un test négatif au Covid-19 datant de 48 heures maximum. L’Allemagne a imposé ce tour de vis en évoquant la circulation accrue des variants dans le département. Le secrétaire d’État français chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, s’est rendu jeudi à Sarreguemines, ville frontalière, pour visiter un centre de tests déployé en urgence. Il assure à RFI travailler pour « lever les contraintes aussi vite que possible ».

De notre envoyé spécial à Sarreguemines, 

RFI : « L’Europe, on l’a faite. On ne peut pas la défaire comme ça ! ». Voilà ce qu’a dit à RFI un habitant de Sarreguemines qui est en colère contre les mesures de restrictions mises en place par l’Allemagne. Cette situation est un échec pour l’Europe ?  

Clément Beaune : La situation est difficile et on essaye de la gérer au mieux. Il y a beaucoup d’émotion parce qu’ici la vie franco-allemande, c’est le quotidien, ça n’est pas théorique. C’est parfois avoir son enfant dans une école à 500 mètres mais qui est de l’autre côté de la frontière. C’est travailler tous les jours de l’autre côté de la frontière. C’est une situation douloureuse. Je ne veux pas croire que c’est un échec parce qu’un échec ça veut dire qu’on pense qu’il n’y a pas de solutions. Or, on essaye à court terme de limiter l’impact de ces mesures. Six centres de tests antigéniques vont être ouverts d’ici dimanche (ouverts y compris le week-end) pour que plusieurs milliers de tests puissent être effectués. Donc on cherche des solutions pour que ces règles de tests tous les 48 heures soient le moins contraignantes possible. Et puis on essaye surtout que cette contrainte dure le moins longtemps possible. Nous poursuivons nos discussions avec l’Allemagne.

Certains Français s’agacent de voir que ces mesures de restrictions pour passer la frontière allemande ne soient pas réciproques. La France va-t-elle à son tour rendre obligatoire l’obtention d’un test pour entrer sur son territoire ? 

Pour le moment nous ne l’avons pas fait. Pourquoi ? Parce que le sujet n’est pas une question de nationalité, c’est une question de territoire d’où l’on vient. Je suis très concret : si le matin on va de Moselle (France) en Sarre (Allemagne) et qu’en revenant le soir on a les mêmes contrôles effectués par les autorités françaises quand on rentre chez soi, on est soumis à une double peine puisqu’on est contrôlé deux fois ! Quand on dit réciprocité, ça veut dire plus de contrôles pour nos travailleurs mosellans qui sont déjà dans une situation difficile et on ne veut pas que ça se poursuive trop longtemps. Donc la réciprocité, on va regarder, mais il ne faut pas compliquer encore plus la vie des gens en Moselle.

Vous n’avez pas peur que cette situation ne créé encore plus de ressentiment entre Français et Allemands alors qu’il y avait déjà eu des tensions il y a un an au moment du premier confinement quand l’Allemagne avait fermé sa frontière ?  

Oui c’est une crainte. Coopérer, circuler librement, on dit parfois que c’est un luxe ou que c’est secondaire. Ici, c’est très concret et ça a de la valeur pour les gens. Je suis toujours vigilant et inquiet que l’émotion ne se transforme pas en colère ou en haine. On l’a vécu au printemps dernier où il y a eu la fermeture de la frontière avec des contrôles parfois très stricts. Tout le monde s’en souvient, tout le monde m’en a parlé aujourd’hui. Cette fois-ci, on a évité cela et maintenant il faut qu’on trouve des solutions coopératives pratiques. On travaille de manière très étroite avec l’Allemagne et les Landers qui sont à la frontière, notamment la Sarre.

Appelez-vous le gouvernement allemand à revenir sur sa décision ?  

Ce n’est pas à moi d’interférer dans une décision sanitaire et une gestion dont on sait qu’elle est très compliquée. Mais ce que je dis aux autorités allemandes, c’est continuons à travailler dans les prochains jours pour aller vers des solutions qui allègent un peu les contraintes et la pression sur la vie quotidienne de nos travailleurs frontaliers. Je ne veux pas promettre des choses qui ne soient pas réalisables mais on peut avoir des améliorations concrètes pour le transport public ou le transport scolaire. C’est ça la priorité aujourd’hui. On va travailler pour lever ces contraintes aussi vite que possible mais elles dureront sans doute quelques semaines.

RFI

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