«Un président distant et un Premier ministre froid ne peuvent conduire le pays…», Mahmoud Dicko «Quiconque enfreint à nos valeurs ne bénéficiera pas de mon soutien», le Cherif de Nioro Les autorités de la transition sont-ils en train de filer du mauvais coton ? Rien ne paraît plus sûr. C’est du moins ce que laisse penser la sortie médiatique de deux figures emblématique ayant contribué à l’avènement de cette transition, en occurrence le Cherif de Nioro et l’ex autorité morale du M5 RFP.
En effet, deux mois après son manifeste, qui a fait coulé beaucoup d’encre et de salive, l’imam Mahmoud Dicko a fait une apparition aussi inattendue que fracassante, hier, au meeting d’un regroupement politique. Selon lui, les maux du Mali se résument à une question de gouvernance.
«Je vais dénoncer les autorités de la transition, qui ne respectent rien ni personne. On ne peut gérer le peuple sans le peuple», a martelé l’imam Dicko en reprochant aux tombeurs d’IBK de ne prendre langue avec aucune composante de la société depuis leur arrivée au pouvoir.
«Je suis au regret de constater que les choses vont dans le sens contraire de ce que j’avais imaginé», admet le leader religieux. Mahmoud Dicko confie qu’à son retour de la Mecque, entre l’aéroport et sa résidence, ce qu’il a vu et entendu ne lui paraissant guère rassurant, en laissant entendre au passage que les autorités de Transition gèrent le pays avec plus de mépris que de considération. Il affirme en avoir d’ailleurs parlé avec Bah Ndaw.
«On ne gère pas un pays avec arrogance. Il faut écouter le cri de détresse du peuple», a renchéri Mahmoud Dicko, avant de marteler que les gens sont libres de commenter ses prises de position mais qu’il pense agir pour le Mali. L’imam assure par ailleurs qu’il ne restera pas silencieux face à se qui se profile à l’horizon.
«Je le dis haut et fort, il faut que les autorités de la transition sortent de leur isolement. Un président distant de son peuple, un Premier ministre froid. Cela ne peut conduire le pays dans le bon sens», a conclu Mahmoud Dicko.
Quant aux Cherif de Nioro, il a profité de la visite de certains membres du gouvernement à Nioro du Sahel, mercredi dernier, pour cracher comme à ses habitudes, ses quatre vérités sur la marche de la Transition. Et comme cela ne suffisait pas, il a renchéri à l’occasion de sa prêche du vendredi dernier. Faisant le point de la situation à ses fidèles, il a réaffirmé son combat contre la dépravation des valeurs religieuses.
«J’ai reçu une délégation composée de 3 ministres, le lundi passé. Nos discussions ont porté sur beaucoup d’aspects concernant la réussite de la Transition. L’ensemble des ministres présents ont tous demandé mon soutien en vue de la réussite de la Transition. Pour ma part, j’ai été clair par rapport à la façon dont ils s’y prennent. Je leur ai rappelé que j’ai été la première personne à apporter mon soutien à la Transition et cela, avant même de connaître les acteurs de ladite Transition », a rapporté Bouyé, avant de faire part de sa déception et de son désarroi après tant d’espoirs fondés sur de ces militaires pour sonner le renouveau au Mali.
Celui qui avait plaidé en son temps pour que la présidence de la Transition revienne, à contre-courant de la CEDEAO notamment, affirme ne plus être dans la même disposition et accuse ouvertement les autorités actuelles de porter atteinte «à nos valeurs sociétales et religieuses».
Allusion est ainsi faite au malentendu en rapport avec la ministre de la Promotion de la femme, porteuse de l’avant-projet de loi sur la violence basée sur le genre. Un texte, aux yeux de l’autorité religieuse de Nioro, porte les germes d’une fragilisation des valeurs de l’islam et de nos traditions.
«La préservation et la défense de nos valeurs religieuses relèvent d’une question de principe pour un leader religieux. Quiconque enfreint à cela, ne bénéficie d’aucun soutien de ma part », a-t-il justifié.
Il dit par ailleurs être au courant que limoger la ministre à sa demande est perçu par les autorités de Transition comme une faiblesse et estime que c’est son maintien au gouvernement qui constitue une faiblesse car c’est l’ignorer en tant qu’unique répondant des Hamalistes du Mali et incarnation de valeurs respectueuses des principes de l’islam.
«Qu’il en soit, cette Transition n’a plus mon soutien quand bien même je ne compte mener aucune action contre elle. Sauf si elle persiste à faire passer cette loi que nous mettrions en échec au prix de notre sang », a-t-il mis en garde.
Amidou Keita
Source: Le Témoin