Décidément la situation de grande insécurité à laquelle se trouvent confrontés, depuis le 6 octobre 2020, le village de Farabougou et ses environs immédiats, mais que d‘aucuns avaient sous-estimé, est finalement devenue telle une épine dans le pied de l’Etat malien. En effet, depuis plus de cinq mois que le calvaire que vivent les habitants de cette localité du cercle de Niono fut révélé publiquement, les actuels tenants du pouvoir d’Etat, bien que majoritairement des militaires, semblent éprouver beaucoup de peine pour rétablir la sécurité dans cette partie du territoire national.
Le plus aberrant est que, dans cette situation, nos Forces armées nationales se trouvent en face d’un ‘’ennemi’’ qui ne ferait pas du tout le poids devant elles, au cas où il s’agirait d’en arriver à un affrontement sur le théâtre du combat. Les Maliens, toutes tendances confondues, sont convaincus que cet ‘’ennemi’’, constitué de quelques hommes se réclamant être des djihadistes, n’est ni tactiquement ni techniquement préparé pour affronter l’armée malienne.
C’est justement la raison pour laquelle cet ennemi ne pratique qu’une guerre asymétrique. C’est fort de cette conviction que les Maliens ne parviennent pas à s’expliquer les raisons qui font que, jusque-là, les autorités de la transition n’arrivent pas à dompter ce groupe djihadiste et surtout que les rênes du pays sont tenues par des militaires.
En tout cas, la situation d’insécurité qui prévaut dans le cercle de Niono en général, et spécifiquement à Farabougou, plonge les maliens dans une certaine expectative et surtout que, selon leurs constats, la situation semble plutôt aller de mal en pis.
Ces constats se justifient bien dans la mesure où malgré les immenses débauches d’énergie consenties tous azimuts pour réussir la pacification du cercle de Niono en général et en particulier le village de Farabougou, on constate que les probables souscriptions des groupes djihadistes à respecter les cessez-le-feu sont quelques fois assorties de conditions difficiles, sinon impossibles, à accepter par les autres protagonistes. Nous savons qu’au tout début de cette crise qui a commencé par le blocus de Farabougou en début octobre 2020, l’armée malienne a été contrainte d’user de moyens aériens pour parvenir à briser le blocus que les djihadistes avaient imposé à la localité.
Pour briser ce blocus, il a fallu héliporter des vivres et autres denrées de première nécessité destinés aux populations de la ville assiégée.
C’est à l’occasion de ce largage que des soldats maliens se sont installés dans la localité de Farabougou et y campent toujours pour assurer la protection des populations et de leurs biens. Le dimanche 14 mars 2021, une médiation menée par des émissaires du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) avait abouti à l’instauration d’une trêve des hostilités pour un mois et applicable à tous les protagonistes de la crise.
A l’effet de cette trêve, Boubacar Ba, chercheur et directeur du Centre d’Analyse sur la Gouvernance et la Sécurité au Sahel, qui suit de près la situation sécuritaire et les initiatives de médiation dans le Centre affirme qu’ « On peut y croire parce que, dans le centre du Mali, aussi bien Mopti que Ségou, il y a déjà eu des accords, avec des intermédiaires. Ce qui est intéressant cette fois, c’est que les représentants des dozos sont venus avec ceux du Haut Conseil islamique et des personnes aux ressources avérées qui ont discuté avec les djihadistes de la Katiba Macina, les vrais moudjahidines, et qui se sont entendus sur les modalités de gestion du conflit. Chaque acteur est venu avec ses conditions, ils se sont entendus. Je pense qu’il y a eu un modus operandi global sur lequel ils peuvent s’entendre sur une durée d’un mois ». Mais là où le bât blesse et qui surprend plus d’un est que les djihadistes exigent le retrait des FAMA de la localité de Farabougou. Mais…
EL HADJ MAMADOU GABA
Source: Le Soir de Bamako