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Birmanie: les habitants de Rangoun prennent la fuite, un recours devant la CPI envisagé

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Les manifestations se poursuivent et le bilan des victimes s’alourdit de jour en jour en Birmanie. Au moins 217 manifestants ont été tués par les forces de sécurité depuis le 1er février et plus de 2 200 personnes ont été arrêtées. La loi martiale a été instaurée dans plusieurs quartiers de Rangoun, où de violentes tensions se déroulaient à nouveau ce 18 mars.

Plus de 220 civils ont été tués en Birmanie depuis le coup d’État militaire du 1er février qui a renversé Aung San Suu Kyi. Le bilan pourrait être beaucoup plus lourd, des centaines de personnes arrêtées ces dernières semaines sont détenues au secret et portées disparues. Les forces de sécurité poursuivent sans relâche leur répression, notamment dans la capitale économique Rangoun où elles sont déployées en nombre.

« L’armée et les forces de police tuent les gens dans la rue, donc nous ne sommes plus en sécurité, déclare au micro de RFILucas, un manifestant de Rangoun, qui dit vouloir continuer à manifester malgré l’insécurité. Nos amis et les membres de nos familles se font tuer dans la rue. Tout peut nous arriver. On peut se faire arrêter, tuer, tirer dessus, battre, donc nous ne sommes vraiment pas en sécurité. »

À Rangoun, l’exode

« Et ils font tout leur possible pour que les manifestations cessent, poursuit Lucas. Ils viennent chez nous la nuit, nous arrêtent, nous tirent dessus devant nos maisons. Ils utilisent du gaz lacrymogène et des balles réelles, donc nous sommes obligés de courir et nous cacher là où c’est possible. Bien sûr que nous avons peur d’aller manifester, mais il faut quand même le faire parce que nous ne voulons pas qu’ils pensent que la situation est sous contrôle, nous ne voulons pas qu’ils pensent qu’ils sont en train de gagner la bataille contre nous. Et nous ne voulons pas qu’ils croient pouvoir nous gouverner. Donc oui, il faut aller manifester ».

Bien sûr que nous avons peur d’aller manifester, mais il faut quand même le faire parce que nous ne voulons pas qu’ils pensent que la situation est sous contrôle, nous ne voulons pas qu’ils pensent qu’ils sont en train de gagner la bataille contre nous.

Face à cela, l’exode s’intensifie à Rangoun, ville de quelque cinq millions d’habitants en partie soumise à la loi martiale. Ce vendredi 19 mars au matin, d’importants bouchons avec des véhicules pleins à craquer se sont formés sur un des principaux axes pour sortir de la capitale économique, d’après des images diffusées par un média local. Tout le long de la frontière, les autorités thaïlandaises ont déjà installés des camps destinés à accueillir le flux de réfugiés birmans, rapporte notre correspondante régionale, Carol Isoux. Selon un haut responsable de l’armée thaïlandaise, les infrastructures existantes peuvent déjà accueillir près de 100 000 réfugiés. Des milliers de personnes ont déjà fui la répression pour rejoindre les campagnes et les zones sous contrôle des groupes armés des minorités ethniques, notamment chez les Karens, cette ethnie à cheval entre la Thaïlande et la Birmanie.

Les autorités karens affirment déjà abriter plus de 1000 personnes arrivées de Rangoun, en majorité des leaders du mouvement de grève, des médecins, des étudiants et même des déserteurs de la police et de l’armée. Ce mouvement d’exode des villes vers les zones ethniques est inédit dans l’histoire de la Birmanie et souligne le rôle crucial désormais joué par ces groupes armés, les partis représentant des minorités ethniques et leur capacité à former des alliances politiques, dans le mouvement de résistance à la junte birmane.

« Saisir la CPI est un des moyens envisageables »

L’envoyé de la Birmanie aux Nations unies, qui s’est publiquement désolidarisé de la junte, a déclaré qu’un comité rassemblant des parlementaires évincés par l’armée réfléchissait aux moyens de rendre les personnes commettant des violences responsables de leurs actes. « Saisir la CPI [Cour pénale internationale] est un des moyens envisageables, a annoncé Kyaw Moe Tun lors d’un événement à New York, rapporte le quotidien singapourien The Straits Time. Nous nous devons d’étudier tous les moyens à notre disposition pour porter le dossier devant la cour ».

Le 17 mars, des enquêteurs de l’ONU ont lancé un appel à la population birmane pour qu’elle collecte et conserve les preuves documentaires des exactions commises par l’armée depuis le coup d’État du 1er février, afin de constituer de futurs dossiers contre ses dirigeants. L’Union européenne doit approuver lundi 22 mars des sanctions contre le régime. Ces sanctions concerneraient de grandes entreprises birmanes contrôlées par l’armée, selon les déclarations de deux diplomates et deux documents internes que l’agence Reuters a pu consulter.

RFI

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