Au Brésil, la pandémie a augmenté l’extrême pauvreté. Dans ce pays où plus de 40 % de la population vit de l’économie informelle, beaucoup de Brésiliens se retrouvent à la rue. Avec la fin de l’aide d’urgence du gouvernement, les plus pauvres n’ont même pas de quoi se nourrir. À Rio de Janeiro, un collectif de vendeuses ambulantes organise un « petit-déjeuner solidaire » tous les dimanches matin.
Avec notre correspondante à Rio de Janeiro, Sarah Cozzolino
Pour arriver jusqu’au stand de nourriture, il faut prendre une longue file d’attente, qui tourne au coin d’une rue. Michael est vendeur ambulant, mais depuis un an, il ne gagne quasiment plus rien : « Cette initiative fait mieux que le gouvernement, mieux que la mairie. Qu’est ce qu’ils font pour ceux qui sont dans la rue ? Au moins ici, je peux prendre un petit-déjeuner. Le maire, il n’est là que pour envoyer une benne à ordure pour me prendre mon matelas dans la rue. »
Angela vivait grâce au recyclage, mais maintenant les immeubles ont arrêté de sortir leurs poubelles. À partir d’avril, elle pourra recommencer à toucher une aide d’urgence. Mais ce ne sont pas les 40 euros du gouvernement qui vont lui permettre de manger à sa faim.
« Cinq kilos de riz coûtent entre 5 et 6 euros, une bouteille d’huile c’est 2 euros. Alors expliquez-moi : comment je fais pour nourrir mes deux enfants pendant un mois avec 38 euros ? »
Une initiative qui attire de plus en plus de monde
De l’autre côté du stand, Isabel distribue les cafés chauds. Avec ses deux masques en tissu qu’elle a superposés. Elle craint autant le virus que la pauvreté : « Tous les dimanches, il y a plus de monde. On était d’ailleurs en train de se dire qu’il faudrait trouver un moyen de s’agrandir parce que là ce n’est plus possible. Aujourd’hui, on avait déjà coupé une quiche et on a dû diviser par deux chaque part parce que sinon tout le monde n’aurait pas eu à manger. »
Cette vendeuse ambulante note que de plus en plus de personnes se sont retrouvées à la rue ces derniers mois. Selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, la pauvreté touche désormais un tiers de la population du continent. Un niveau record depuis douze ans.
RFI