L’Union européenne a sanctionné lundi 22 mars le chef de la junte au pouvoir en Birmanie, le général Min Aung Hlaing, ainsi que neuf des plus hauts gradés des forces armées et le président de la Commission électorale, tous impliqués dans le coup d’État et la répression meurtrière contre les manifestants pro-démocratie. Mais de nombreuses voix s’élèvent pour dire que cette réponse n’est pas à la hauteur.
Depuis le coup d’État du 1er février qui a renversé la dirigeante civile Aung San Suu Kyi, plus de 2 600 personnes ont été arrêtées et quelque 250 tuées, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Le bilan des victimes pourrait être plus lourd, souligne cette organisation locale de défense des droits de l’Homme.
Avec les sanctions approuvées par les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, le chef de la junte Min Aung Hlaing, ainsi que neuf des plus hauts gradés des forces armées et le président de la Commission électorale sont désormais interdits de séjour dans l’UE ou d’y transiter et se voient imposer un gel de leurs avoirs ou de leurs ressources dans l’Union.
Les violences atteignent un niveau « absolument inacceptable », a estimé le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.
Il s’agit des premières sanctions depuis le putsch décidées par l’UE, qui avait déjà sanctionné en 2019 quatorze militaires et policiers pour les persécutions contre la minorité musulmane des Rohingyas.
Mais pour Joëlle Garriaud-Maylam, sénatrice des Français établis à l’étranger, la réponse de l’Union européenne n’est pas à la hauteur : « Je trouve que nous ne montrons pas suffisamment notre désapprobation. Et j’aurais aimé que la France prenne le leadership de l’Union européenne sur ce dossier-là »
J’aurais aimé que politiquement, on fasse davantage. On sait qu’il y a des négociations qui sont en cours avec les pays de l’Asean [Association des nations de l’Asie du Sud-Est], que les choses bougent. Par exemple, l’Indonésie, qui était très attachée aux principes de neutralité, commence à bouger parce que, pendant longtemps, aucun pays de l’Asean ne voulait bouger. Pendant déjà les périodes de répression féroce, quand Aung San Suu Kyi était emprisonnée, les pays de l’Asean refusaient de bouger. Là, je crois quand même qu’il y a une prise de conscience qui devient très importante. Et je crois qu’il faut aussi reconnaître qu’il y a un enjeu géopolitique extrêmement important de la place de la Birmanie. La Birmanie évidemment sur la route entre la Chine et l’Inde, les enjeux sont considérables et il faut absolument soutenir ce pays, cette démocratie et nous devons avancer. Je trouve que nous ne montrons pas suffisamment notre désapprobation. Et j’aurais aimé que la France prenne le leadership de l’Union européenne sur ce dossier-là.
RFI