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Cote d’Ivoire : un tournant périlleux dans la succession d’Alassane Dramane Ouattara

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Le président ivoirien Alassane Ouattara à Abidjan le 1er mai 2017

Le 7 décembre 1993, le père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire Felix Houphouët Boigny tirait sa révérence. Depuis, la scène politique du pays est devenu le théâtre de violents affrontements à caractère ethnocentrique et tribal où tous les coups sont permis. 28 ans après Houphouët, aucun régime n’a pu mener à bon port la riche nation à l’exception du président Alassane Dramane Ouattara, dont la succession risque de tourner au désastre en ternissant son élogieux bilan.

En effet, l’élection présidentielle d’octobre 2020 a contraint le président sortant à se représenter pour un troisième mandat anticonstitutionnel, suite au décès brusque par arrêt cardio-respiratoire de son premier ministre et successeur désigné Amadou Gon Coulibaly, le 8 juillet 2020. Beaucoup d’ivoiriens restent incrédules et dénoncent une manœuvre perfide du président de la République.

Alassane Ouattara parvient quand même à se maintenir au pouvoir grâce à son aura et le crédit qu’on lui accorde à l’international et malgré les velléités insurrectionnelles d’une partie du peuple entachées de plusieurs morts et la contestation de l’opposition qui a vite déchanté. Le bémol à ce énième succès dans son parcours de leader politique est le poids de son âge.

À 79 ans, le président semblait disposer d’un alter ego en la personne de son ministre de la défense et suppléant de Gon Coulibaly au poste de premier ministre « the golden boy » Hamed Bakayoko ou Hambak, adulé par le monde musical africain. Le décès de ce dernier, 8 mois après son prédécesseur à la primature, le 10 mars 2021 suite à un cancer foudroyant, qui, fort de son appartenance ethnique et de sa veine du diable, paraissait à tous points de vue l’héritier d’Alassane Ouattara qui faisait l’unanimité aux yeux de l’ethnie Dioula et de façon générale dans la jeunesse ivoirienne, vient étayer la théorie du complot que susurrait une myriade de citoyens ivoiriens.

La fondation ivoirienne pour l’observation et la surveillance des droits de l’homme et de la vie politique « FIDHOP », a indexé sans ambages le chef d’Etat et son régime sur la mauvaise gestion et les zones d’ombre entourant le décès des deux premiers ministres et demande une autopsie pour celui de Hamed Bakayoko.

Par ailleurs l’indignation suscitée à l’annonce de la mort de Hambak a été grande pour les parents et partisans à Séguéla, ville d’origine de l’illustre disparu. À tel point qu’ils se sont adonnés à des casses et autres actes de vandalisme avant de se ressaisir en demandant pardon à tout le peuple et plus particulièrement au chef d’Etat.

Quoi qu’il en soit, l’histoire politique de la belle Côte d’Ivoire, «terre qui aiguise l’appétit de beaucoup de grandes puissances», n’en finit pas de surprendre avec la montée en puissance du jeune frère d’Alassane Ouattara, Tene Ibrahim Ouattara, surnommé «photocopie » de par leur ressemblance, qui vient d’être hissé à la tête du ministère de la Défense suite à la mort de Hambak et après que le parti présidentiel a perdu nombre de ses têtes d’affiche, notamment le colonel major Issiaka Ouattara alias (WATTAO) ; Diarrasouba Daouda (l’un des pères fondateurs du parti) et le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

Tout compte fait en Afrique la mort d’une haute personnalité n’est jamais sans commentaires et autres interprétations souvent fallacieuses. Il serait aberrant de croire à une théorie du complot orchestrée par le chef d’Etat, vu qu’il n’a jamais été aussi esseulé qu’aujourd’hui, quoique la similitude de ces décès intrigue plus d’un.

Ousmane T Diakité, Stagiaire

SourceLe Témoin

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