La sélection du jury dans le procès du meurtre de l’Afro-Américain George Floyd s’est achevée mardi 24 mars à Minneapolis. Les débats de fond commenceront lundi 29 mars avec la comparution de Derek Chauvin, le policier qui est resté agenouillé sur le cou de George Floyd pendant près de neuf minutes et a provoqué sa mort en mai 2020. Douze personnes devront se prononcer sur sa culpabilité et le choix de ces jurés n’a pas été facile.
Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet
Une grand-mère noire retraitée, une infirmière et deux mères célibataires blanches, deux immigrés, deux personnes métisses : les quinze personnes retenues pour composer le jury de ce procès historique reflète la diversité de l’Amérique. Elles ont été sélectionnées parmi une centaine de personnes tirées au sort, au terme de deux semaines d’un processus minutieux.
Tous les jurés finalement choisis ont déclaré avoir vu des extraits de la vidéo de la mort de George Floyd le 25 mai 2020, qui a suscité une vague de protestation dans tout le pays pendant des semaines. Mais leur opinion sur l’affaire a été suffisamment nuancée et tous se sont dit capables de rendre une décision « juste et impartiale ».
Douze jurés se prononceront in fine sur la culpabilité du policier et devront rendre leur décision à l’unanimité. Les trois autres personnes sélectionnées sont des suppléants, prévus en cas de défaillance d’un des titulaires.
Procès test pour la justice
Les débats de fond, qui seront scrutés avec attention aux États-Unis, devraient durer trois ou quatre semaines. Les jurés se retireront alors pour délibérer sur les trois chefs d’inculpation retenus, dont meurtre et homicide involontaire.
Aux États-Unis, les poursuites contre des policiers pour des violences commises dans l’exercice de leur fonction sont très rares et les condamnations encore plus rares.
Ce procès est donc vu comme un test pour la justice américaine après l’immense mobilisation contre le racisme et les violences policières qui a suivi la mort de George Floyd.
Difficulté d’un jury impartial
Dans ce contexte, le choix de jurés impartiaux a relevé de la gageure.
Pendant deux semaines, une centaine de citoyens tirés au sort ont été soumis à un feu roulant de questions, au 18e étage d’une tour fermée au public et entourée de mesures de sécurité exceptionnelles. Malgré la présence de caméras dans la salle d’audience, leur anonymat a été préservé.
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Remis en liberté sous caution, Derek Chauvin a suivi les échanges avec attention, prenant consciencieusement des notes et échangeant fréquemment en aparté avec son avocat, Eric Nelson.
Certains jurés potentiels ont demandé à être exclus, submergés par l’importance des enjeux ou pour des raisons personnelles. D’autres ont assumé avoir déjà formé leur opinion et ont immédiatement été écartés.
Eric Nelson et le procureur, Steve Schleicher, ont alors tenté de débusquer leurs préjugés inavoués. Parmi les questions : « Que pensez-vous de la police ? Des grandes manifestations de l’été ? Du mouvement Black Lives Matter ? »
L’interrogatoire a souvent pris des accents politiques et les avis tranchés – « Les policiers sont tous corrompus » ou les violences contre les suspects noirs « sont toutes politisées » – ont valu à leurs auteurs d’être remerciés.
RFI