Des attaques sans précédent contre des villages et des campements dans l’ouest du Niger ont fait plus de 200 morts en l’espace de six jours. Ces violences n’ont pas été revendiquées, mais elles portent la marque du groupe État islamique au Grand Sahara, seul grand groupe jihadiste dans cette zone suffisamment bien organisé pour mener des assauts de cette ampleur. Depuis le début de l’année, quatre attaques ont visé des civils dans cette zone. Le gouvernement parle d’un nouveau mode opératoire.
Depuis deux ans, le groupe État islamique renforce son emprise à l’ouest du Niger. Selon Ibrahim Yahaya Ibrahim, analyste principal à l’International Crisis Group, des chefs de villages ont été tués. La population a parfois été obligée de fuir et les taxes prélevées par les djihadistes et le vol de bétail sont en augmentation :
« Il faut lire cette nouvelle dynamique de conflit où des civils sont pris à partie comme une riposte des jihadistes de l’État islamique contre cette forme de résistance qui s’organise localement par les communautés. »
Punition collective et message à Mohamed Bazoum
Mais l’ampleur des tueries est inédite. Jusqu’à présent, si le groupe État islamique ciblait quelques individus isolés, en représailles par exemple à leur collaboration avec le gouvernement ou avec un groupe jihadiste ennemi, cette fois, il s’agit d’une punition collective. Toute la communauté est visée, explique Ibrahim Yahaya Ibrahim.
De telles attaques peuvent aussi être un message adressé à Niamey pour le journaliste Lamine Ould Salem, spécialiste du Sahel : « Ces événements interviennent aussi au moment où Mohamed Bazoum est officiellement reconnu par la Cour constitutionelle comme le président élu au Niger. Et Mohamed Bazoum est considéré comme un des principaux architectes de la politique sécuritaire au Niger ces dernières années, quand il a notamment occupé le poste de ministre de l’Intérieur sous Mahamadou Issoufou. »
L’intensification de ces attaques sera le plus grand défi du nouveau chef de l’État.
« Le groupe État islamique au Grand Sahara veut montrer qu’il est toujours en capacité d’agir et qu’il retrouve même des forces. Soit il est parvenu à refaire ses forces en élargissant sa base de recrutement, soit il a tiré des leçons des défaites subies depuis janvier 2020. (…) Il est légitime de se poser la question : la stratégie adoptée n’est-elle pas en train de montrer ses limites ? »
RFI