La présidentielle du 21 février au Niger a enfin connu son épilogue. En effet, la Cour constitutionnelle a validé, le dimanche 21 mars dernier, la victoire de Mohamed Bazoum. A 61 ans, le candidat du PNDS au pouvoir l’a emporté avec plus de 55% des suffrages. Le successeur de Mahamadou Issoufou sera investi, le 2 avril prochain, pour un mandat de cinq ans (ndlr : renouvelable une seule fois selon la Constitution nigérienne en vigueur).
Mohamed Bazoum accède à la magistrature suprême de son pays après un long parcours politique bien rempli. « La Cour valide et proclame les résultats définitifs du deuxième tour des élections présidentielles du 21 février 2021 ainsi qu’il suit (…) : Mohamed Bazoum 2.490.049 voix -soit 55,66%. Mahamane Ousmane 1.983.072 -soit 44,34%, selon son Président Bouba Mahamane qui a lu l’Arrêt au siège de la Cour. Le taux de participation est de 62,91%… ».
Pour les Nigériens des deux bords politiques, ce résultat ne surprend pas. Figure de l’Union syndicale des travailleurs du Niger, Diplômé de Philosophie, Mohamed Bazoum entame sa carrière politique au début des années 1990 en créant avec Mahamadou Issoufou, à qui il succède au terme de deux mandats, le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS), formation qui rejoindra l’Internationale socialiste.
Là, le Niger s’apprête à écrire une nouvelle page de son Histoire avec le natif de Bilabrine, Région de Diffa. Mohamed Bazoum a été élu plusieurs fois député de la circonscription spéciale de Tesker (Zinder).
Aussi, figure emblématique de l’opposition nigérienne, Bazoum a occupé plusieurs fois la fonction de Vice-président de l’Assemblée Nationale.
Par ailleurs, sous le mandat de son mentor Youssoufou, Mohamed Bazoum a d’abord occupé le poste du Ministre des Affaires Etrangères puis de l’Intérieur. Des atouts majeurs qui vont notamment lui permettre d’étendre ses relations hors de son pays.
En parallèle, Mohamed Bazoum devient, à partir de 2011, Président du Comité exécutif national du PNDS. Un poste stratégique qui lui a permis de préparer son ascension à la tête de l’Etat.
Mohamed Sylla
Zoom sur Bazoum !
Mohamed Bazoum est né en 1960 à Bilabrine dans le département de N’Gourti (Diffa), à l’Est du Niger.
Il commença ses études primaires à l’école de Tesker en 1966, avant de fréquenter le Lycée Amadou Kouran Daga de Zinder de 1976 à 1979, d’où il sortit avec son BAC A4. Il poursuivit ses études universitaires de 1979 à 1984 à l’Université de Dakar (Sénégal) à la Faculté des Lettres et sciences Humaines au Département de Philosophie.
Détenteur d’une Maitrise en Philosophie Politique et Morale, puis d’un Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA), Option Logique et Epistémologie, Mohamed Bazoum est un orateur qui inspire l’admiration depuis la prestigieuse université Cheikh Anta Diop de Dakar. Son talent en rhétorique et sa rigueur dans les principes lui ont ouvert grandement la voie d’une carrière politique intéressante. Il a marqué, en tant que professeur de philosophie au lycée, toute une génération d’étudiants des années 90.
Après la vie estudiantine, il s’investit en syndicalisme dans le SNEN (Syndicat National des Enseignants du Niger), avant de s’engager à l’USTN (Union Syndicale des Travailleurs du Niger), un des mouvements de proue de revendication démocratique en début 1990.
En Décembre 1990, avec Issoufou Mahamadou et d’autres camarades, ils fondent le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya). Il occupe le poste du Président du Comité Exécutif National (CEN) de ce parti depuis l’accession du Président Issoufou Mahamadou à la magistrature suprême du Niger en 2011.
Cinq (5) fois élu député de la circonscription spéciale de Tesker (Zinder), Mohamed Bazoum fut également deux fois chef de la diplomatie nigérienne. Il fut également, à partir d’avril 2016, Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses jusqu’en 2020.
Fidèle au monde rural qui a marqué son enfance, il est passionné de l’élevage des camelins et bovins. Musulman sunnite, il parle l’arabe, le hausa, le toubou, le kanuri, le français et moyennement l’anglais.
Socialiste convaincu, témoin des contradictions fondamentales du monde à travers l’histoire et des abus des régimes d’exception en Afrique, influencé par des grands révolutionnaires du monde, Mohamed Bazoum syndicaliste comme homme politique est proche du peuple et engagé pour les bonnes causes au plan national et international.
La qualité de son leadership a été mise en évidence tant dans sa vie syndicale, professionnelle et politique. Dans la longue marche vers la Conférence nationale inaugurant résolument le processus démocratique du Niger, il a joué, avec ses camarades, un rôle d’avant-garde. L’on se souvient encore de sa très brillante intervention à ce rendez-vous historique du peuple nigérien lorsque des militaires avaient voulu remettre en cause ce forum.
Il avait énergiquement combattu au sein de son parti et dans le cadre des coalitions politiques dont son parti a été membre face aux différentes tentatives du retour à l’ancien ordre ou l’interruption de l’état de droit. Il en est ainsi après l’élection présidentielle du 8 juillet 1998 et du Tazarce du Président Tandja Mamadou sous la 5ème République.
Il fait partie du groupe des 14 députés qui avaient déposé la motion de censure qui a balayé le gouvernement de Hama Amadou en 2007.
Président du PNDS Tarayya après le Président Issoufou Mahamadou, il doit cette consécration à la confiance méritée de ses camarades dont le Président Issoufou et à sa fidélité à la ligne politique de ce parti. C’était avec une détermination inébranlable qu’il a sillonné le Niger en quittant son prestigieux poste de Ministre des Affaires étrangères pour assurer la réélection du Président Issoufou.
En lui confiant le poste de Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses, un poste régalien, le président Issoufou Mahamdou confirme, s’il en est besoin, toute la confiance qu’il place en Mohamed Bazoum.
Source: L’Aube