De plus en plus, la question de péage est en passe de devenir une source de vives tensions entre autorités de la transition et usagers du réseau routier national. Dans sa plate-revendicative, l’intersyndical des Transporteurs et Conducteurs Routiers, suite à leur préavis de grève du 3 mars dernier déposé sur la table du Gouvernement de Moctar Ouane, exigent l’annulation pure et simple du nouveau système de péage; l’annulation du pesage des bennes chargées de sable, de graviers, de banco et tant d’autres matériaux de construction sur les pont-bascule; le maintien de la validité des permis de conduire à cinq (5) ans ; la réduction du prix des vignettes et la fin des tracasseries policières, douanières, des Gendarmes et des Gardes forestiers.
Pour faire aboutir leurs revendications, les sections syndicales du secteur des transports routiers ont déclenché une grève de trois jours francs sur toute l’étendue du territoire national. Initialement, il était prévu, selon leur communiqué, d’observer le mouvement pendant 72 Heures à compter du mardi mars 2021, à zéro Heures. Mais, à l’issue des négociations engagées par le Gouvernement, la grève a été suspendue pour les journées d’hier mercredi 24 et aujourd’hui jeudi 25 mars.
Dans le cadre de l’élan de solidarité intersectoriel, les Bouchers et les commerçants de Bamako ont tenu à accompagner les transporteurs dans cette grève de 72 Heures. C’est suite à l’appel lancé conjointement par le Collectif national des acteurs des marchés du Mali (CNAM-MALI), l’Association nationale des transformateurs de bétail viande du Mali (ANATRABEVIM) et l’Association libre des consommateurs maliens (ALCOM).
Côté des acteurs des marchés, ils sollicitent une révision en baisse les frais de dédouanement des marchandises à hauteur des 50% par rapport aux taux actuellement pratiqués au Mali. Ils exigent également l’arrêt effectif des tracasseries routières à l’actif des Agents véreux de la police, de la Gendarmerie, de la Douane et des services des eaux et forêts sévissant dans tout le pays et en toute impunité.
Ensuite, la section syndicale des intervenants dans la filière viande réclament, entre autres, l’amélioration des conditions hygiéniques des abattoirs, une bonne répartition des subventions accordées des fois au secteur et un assouplissement pour les bouchers des critères d’obtention de prêts bancaires.
Au nom des consommateurs, les grévistes insistent sur la liberté de la circulation des personnes et des biens non seulement sur toute l’étendue du territoire national du Mali mais aussi dans toute la zone CDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et exigent une révision en baisse sensible des prix des denrées alimentaires sur le marché national et local.
Par ailleurs, cette grève est une des conséquences logiques de l’échec des négociations engagées récemment entre le Groupement des sections syndicales des transporteurs et le Gouvernement de Moctar Ouane. Selon un Responsable d’une section affiliée au Syndicat des transporteurs urbains, interurbains et internationaux (SYNTUII), depuis le départ d’ATT, le principal Président bâtisseur de l’actuel réseau routier moderne du Mali, aucun autre Régime n’a pris jusque-là en compte les exigences légitimes des transporteurs et usagers des voies communication maliennes.
A cet effet, les Syndicalistes promettent de lancer un autre mouvement de grève à durée indéterminée sur toute l’étendue du territoire national. En cas d’échec des négociations en cours dans un réceptif hôtelier de Bamako, les Transporteurs menacent d’aller jusqu’au bout de leurs doléances ; c’est-à-dire, déclencher une grève à durée indéterminée et dans tout le pays. « Cela, jusqu’à la satisfaction totale de nos exigences », a déclaré, Siaka Diakité du Syndicat des Transports urbains, interurbains et internationaux du Mali.
En rappel, depuis février dernier, rien ne va plus entre les Autorités de la transition et les intervenants dans le secteur des transports routiers. Suite à la réduction en baisse de la durée de validité des tickets de péage pour chaque catégorie de véhicules (transports collectifs, gros porteurs, Benn), les syndicats et associations des transporteurs multiplient les réactions et expriment unanimement leur ras-le-bol face à cette mesure qu’ils trouvent insoutenables par la corporation, les usagers et l’ensemble des consommateurs maliens.
En effet, notons qu’au niveau des postes de péage, la validité des tickets qui était de 24 heures, le Département des transports en a décidé autrement. Désormais, la règle établie est qu’à chaque traversée un ticket. Il vous suffirait juste de franchir une barrière, pour épuiser la validité de votre ticket. Même juste après quelques minutes de stationnement de l’autre côté de la barrière franchie, la validité de votre ticket est expirée. Pour rebrousser chemin, il va vous falloir un nouveau pour avoir droit de franchir la barrière. C’est ce système de paiement de redevance de péage par passage qui irrita la colère des syndicalistes des transports. Mode de péage utilisé par les nouvelles Autorités de la transition pose problème dans le secteur des transports routiers. Vu la crise socioéconomique à laquelle sont confrontés les Maliens, le Régime d’IBK n’avait pas voulu recourir à ce système de péage trop élevé. Par contre, sur pression des Institutions de Breton-Wood, principalement la Banque Mondiale, le Gouvernement de transition en place, s’est engagé à renflouer les caisses de l’Etat à tout prix. Cela, sans tenir aucunement compte de la précarité des conditions de vie et d’existence des populations maliennes. C’est dans ce cadre que de nouvelles hausses tarifaires ont été imposées depuis février 2021.
Publiquement, les Autorités déclarent que c’est pour financer les projets d’investissement dans le domaine des routes.
Toutefois, rétorque-t-on du côté des Spécialistes et Experts dans le domaine, ce n’est pas par l’augmentation des tarifs de péage que passera forcément la solution pour résoudre cette problématique question d’entretien routier. « En fait, ce n’est pas cette augmentation qui réglera le problème du financement de l’entretien routier. Plusieurs autres facteurs doivent être pris en compte pour améliorer les capacités du Fonds d’Entretien Routier (FER), y compris la moralisation des ressources générées par les péages. Pratiquement, il suffit des solutions innovantes pour financer les projets d’entretien routier », a déclaré devant la presse un ancien Directeur national des routes.
Djankourou
Source: L’Aube