A peine sorti de prison il y a seulement deux petites semaines à la faveur de la Loi d’entente nationale, le capitaine bombardé général, Amadou Aya Sanogo rate non seulement l’occasion de se taire mais aussi la cible qui doit lui accorder ce pardon pour qu’il ait une valeur.
L’ancien putschiste Amadou Aya Sanogo nargue-t-il le peuple malien ? C’est la question que l’on se pose au regard de sa sortie médiatique, une des plus ridicules de l’époque contemporaine. Ce samedi, dans la cité des balazans, l’ancien chef du Cnrdre, auteur du coup d’état de 2012, a adressé sa demande de pardon à ses partisans.
Il est apparu devant eux dans un boubou blanc coiffé d’une chéchia de la même couleur comme pour signifier qu’il est blanc comme neige. Amadou Aya Sanogo doit savoir que lui et ses coaccusés ont bénéficié de l’application d’une Loi dite d’entente nationale. La loi étant au-dessus des magistrats, il n’y avait rien à faire que de l’appliquer pour permettre de respirer de l’air pur.
Comme le dit le père des Sciences politiques, Montesquieu : « Une loi aussi absurde qu’elle soit a du moins sa raison d’être ». C’est donc une libération obtenue à la faveur d’une exonération du crime qui s’inscrit dans la logique de la réconciliation nationale. Et l’ancien pensionnaire de la prison de Sélingué se la coule douce.
En s’adressant à l’assistance qu’il a acquise à sa cause, il demande pardon. Et il a été applaudi chaleureusement durant son show médiatique par des gens dont la plupart sont des néophytes de la chose militaire qui ne fait pas bon ménage avec celle politique. Mais force est de constater qu’il a jeté le caillou au soleil parce que les bérets rouges qui ont été massacrés ont leur camp à Bamako et non à Ségou. Après avoir pêché à Sélingué, il s’est planté à Ségou pour critiquer des gens qu’il pense être ses détracteurs ayant voulu sa détention. Donc libéré, l’apôtre de la ‘’tolérance zéro’’ défile dans le pays, non en soldat mais en homme politique qui harangue la foule à son aise comme le vent malmène les feuilles à son gré. Au pupitre, il n’avait rien à envier au discours d’Alpha Oumar Konaré à Fana lorsqu’il cherchait son deuxième mandat.
De grands militaires vainqueurs ont traversé l’histoire des guerres de toutes les époques de l’humanité. Jean Moulin, Lucie et Raymond Aubrac ; les héros comme Henri Fraynay, André Dewavin, Pierre Brossolette se sont distingués par leur courage. Ceux-ci ont écrit leurs noms en lettres d’or dans les annales de l’armée française. Aussi les Maliens n’oublieront pas les soldats comme Tiécoro Bagayoko, Soungalo Samaké, Kissima Doukara pour leur bravoure.
Si Amadou Aya Sanogo voulait sortir par la grande porte, il devrait commencer sa demande de pardon au camp des bérets rouges à Djicoroni-para pour l’union sacrée des militaires comme lui-même l’a dit aux Ségoviens. Sinon il est impossible pour Sanogo de se blanchir dans cette histoire dans la mesure où il a confié au journaliste de ‘’Le Prétoire’’ dans une interview qu’il a tué les mercenaires sur le terrain et capturé d’autres.
Il est temps pour Amadou Aya de se ressaisir car il a raté déjà le coche d’être un héros de la République. Même si le soldat a envie du confort politique, il doit passer par la Loi qui régit ce changement. Sa démission devient obligatoire en ce moment. Et Amadou Toumani Touré a bien réussi l’exemple. Les réactions sur les réseaux sociaux sont édifiantes. Aucune n’est tendre avec l’ancien prisonnier bénéficiaire de l’exonération du crime.
Bazoumana KANE
Source: L’Alerte