Des dizaines de milliers de preuves de violations des droits humains commises par l’armée depuis le putsch en Birmanie ont été rassemblées, a affirmé ce mercredi 7 avril un groupe de députés déchus du parti d’Aung San Suu Kyi. Ces éléments seront transmis à des enquêteurs de l’ONU.
Près de 600 civils ont été tués depuis le coup d’État du 1er février, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Parmi eux, une cinquantaine d’enfants et d’adolescents. Le bilan pourrait être plus lourd : quelque 2 700 personnes ont été arrêtées. Beaucoup, sans accès à leurs proches ou à un avocat, sont portées disparues.
Exécutions extrajudiciaires, tortures, détentions illégales: « notre comité a reçu 180 000 éléments […] montrant des violations à grande échelle des droits humains par les militaires », a affirmé un groupe de résistance baptisé CRPH (Comité pour représenter le Pyidaungsu Hluttaw, l’organe législatif birman).
Le CRPH regroupe des députés déchus de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi, entrés dans la clandestinité. Il revendique le droit de parler au nom du pays.
Rencontre avec l’ONU
Ses avocats, a indiqué le CRPH, vont rencontrer ce mercredi des enquêteurs de l’ONU pour évoquer ces atrocités présumées.
« Cette réunion a pour but de discuter des modalités de dialogue » entre le CRPH et le mécanisme indépendant d’enquête sur la Birmanie des Nations Unies, a expliqué le comité.
Créé par l’ONU en 2018 après les exactions perpétrées par l’armée birmane sur la minorité musulmane rohingya, le mécanisme indépendant d’enquête a commencé à rassembler des preuves sur les violations commises depuis le coup d’Etat.
À la mi-mars, Thomas Andrews, le principal expert indépendant mandaté par les Nations unies, avait déjà dénoncé de probables « crimes contre l’humanité ».
La mobilisation pro-démocratie continue
Malgré les violences, la mobilisation pro-démocratie ne faiblit pas, avec des dizaines de milliers de salariés en grève et des secteurs entiers de l’économie paralysés.
À Mandalay, deuxième ville du pays, des grévistes sont descendus ce mercredi dans les rues, certains faisant le salut à trois doigts qui est un signe de résistance, d’après des images diffusées sur les réseaux sociaux.
La junte profite des divisions internationales
L’accès à internet reste coupé pour une majorité de la population, la junte ayant ordonné la suspension des données mobiles et des connexions sans fil.
Une centaine de personnalités – chanteurs, mannequins, journalistes – sont visées par des mandats d’arrêt, accusées d’avoir diffusé des informations susceptibles de provoquer des mutineries dans les forces armées.
Les généraux profitent des divisions de la communauté internationale. Après la Chine, la Russie a rejeté mardi 6 avril toute idée de sanctions contre le régime.
RFI