Ce dimanche, les élections présidentielle et législatives au Pérou auront lieu dans un contexte sanitaire inquiétant. Quatre candidats à la présidentielle ont d’ailleurs été testés positifs au coronavirus.
De notre correspondante à Lima,
Cette semaine, un 4e candidat à la présidentielle a donc été testé positif au coronavirus. Il s’agit de George Forsyth, ancien joueur de foot professionnel de 38 ans qui est l’un des six candidats favoris à la présidentielle. C’est à travers une vidéo publiée dimanche sur son compte Twitter, où on le voit allongé sur son lit que ce candidat de centre-droit, adepte des mises en scène, a annoncé avoir été diagnostiqué positif au coronavirus, après s’être rendu dans différentes régions du pays dans le cadre de sa campagne électorale. A priori, son état n’est pas grave, mais il va devoir poursuivre sa campagne de manière virtuelle dans la dernière ligne droite avant le scrutin de dimanche.
Une situation sanitaire grave
Et ce n’est pas le premier candidat à la présidentielle à attraper le Covid-19. Trois autres candidats avant lui ont été testés positifs. Le premier a été le syndicaliste et instituteur d’extrême-gauche Pedro Castillo, puis le centriste Julio Guzman et plus récemment le candidat de centre-gauche Ciro Galvez. Âgé de 72 ans, ce dernier a d’ailleurs dû être hospitalisé ce qui l’a empêché de participer en présentiel au débat électoral qui s’est tenu mercredi 31 mars.
Cette situation reflète le grave contexte sanitaire dans lequel vont se tenir les élections de dimanche. Tous les voyants sont au rouge. Le Pérou traverse la phase la plus critique de la pandémie. Avec un nombre de cas et de morts records. Le mois de mars a été le plus mortel depuis le début de l’épidémie. On déplore déjà plus de 100 000 morts, selon le SINADEF, le registre des décès qui inclus les cas suspects de Covid-19, pour 33 millions d’habitants.
Et les chiffres sont en forte hausse ces dernières semaines, notamment en raison de la levée du confinement national début mars et de la présence accrue du variant brésilien. Le système de santé péruvien est donc à bout de souffle. Les hôpitaux sont saturés. Dans plusieurs régions du pays, il n’y a plus de lits en soins intensifs disponibles, ni d’oxygène. Et les experts craignent un regain de l’épidémie d’ici 10 à 15 jours comme conséquences des réunions familiales du week-end de Pâques et des rassemblements liés aux élections de ce dimanche.
Des mesures spéciales pour éviter la contamination pendant le vote
Pourtant, les autorités ont exclu de reporter le scrutin. En effet, le ministre de la Santé péruvien a assuré cette semaine que les mesures sanitaires qui seront mises en place le jour du vote répondent aux standards internationaux et que les 25 millions d’électeurs pourront donc aller voter « en toute sérénité » sans craindre de se contaminer.
Parmi ces mesures spéciales, il y a notamment l’augmentation du nombre de bureaux de vote : il y en aura trois fois plus que d’habitude pour éviter les concentrations d’électeurs. Par ailleurs, ceux-ci sont appelés à venir voter dans le bureau de vote le plus proche de chez eux pour ne pas avoir à prendre les transports et chaque électeur s’est vu attribué une tranche horaire pour aller voter en fonction du numéro de sa carte d’identité.
Le gouvernement a également rappelé que si le vote est obligatoire, sous peine d’amende, il est facultatif pour les plus de 70 ans. Quant aux personnes contaminées ou présentant des symptômes du coronavirus, elles sont évidemment exemptées cette année sur présentation d’un justificatif.
Mais la crise sanitaire ne devrait avoir qu’un faible impact sur la participation au scrutin. Si l’on en croit un sondage de l’Institut d’Études péruviennes paru dimanche dernier, 92 % des électeurs iront bien voter dimanche.