Au Tchad, les électeurs sont appelés aux urnes ce dimanche 11 avril pour l’élection présidentielle. Dix candidats sont en lice, dont le président Idriss Déby au pouvoir depuis plus de 30 ans et qui brigue un 6ème mandat. Près de 7,4 millions de Tchadiens sont enregistrés sur les listes électorales. Mais tous ne sont pas encore en possession de leurs cartes d’électeur, sésame indispensable pour voter.
avec notre correspondante, Aurélie Bazzara-Kibangula et notre envoyée spéciale, Alexandra Brangeon
L’acheminement des cartes a connu un ralentissement et quelques irrégularités ont été détectés à N’Djamena.
Pour Adoum Mahamat, qui va voter pour la première fois, difficile de trouver sa carte d’électeur. « On vient et on ne trouve pas notre carte, c’est un énervant ! » A côté de lui, cinq autres habitant dans la même situation. Alladoum Etienne, le chef du bureau, se veut rassurant : beaucoup des cartes ont été retirées mais toutes ne sont pas encore disponibles… Les cartes des patronymes commençant par I ou T, « on n’en trouve pas, nous explique t-il, et on a mis à part les doublons et les cartes des personnes qui sont mortes ».
Elections au Tchad: il y a des problèmes dans la distribution des cartes d’électeurs, écoutez le rreportage de notre correspondante Aurélie Bazzara-Kibangula
Imprimées par une entreprise française, les cartes d’électeurs sont acheminées au Tchad avec retard, Covid oblige selon la Céni… Et pour les doublons, Kodi Mahamat Bam, son président, pointe un problème technique. « les données en provenance d’un autre opérateur se sont télescopées avec nos propres données et comme la machine est bête, elle a multiplié (les données) », nous explique t-il. La Céni explique que même sans cartes, les électeurs qui se sont fait recensés pourront voter en présentant leur récépissé.
Les militants sur le terrain pour convaincre les électeurs de retirer leurs cartes
Les comités de soutien des candidats se mobilisent pour tenter de convaincre les Tchadiens d’aller retirer leur carte d’électeur… et de voter. L’une de ces organisations – proche du parti présidentiel – s’appelle Tchad D’abord. Tous les jours, ses militants sont sur le terrain comme Mahamat Saleh Moussa qui va d’étal en étal sur ce marché des Milles dans le 5ème arrondissement de Ndjamena.Ce coordinateur de la plateforme Tchad d’abord tente de convaincre ceux qui n’ont toujours pas leur carte d’électeur d’aller la chercher et surtout de voter. Mais parmi ces vendeuses de légumes, plusieurs n’ont toujours pas leur carte.
Boycott, désintérêt, ou carte manquante les raisons sont multiples… « J’y suis allée plus de trois fois et je n’ai toujours pas eu ma carte, lance une femme, ils ont dit qu’ils ne l’avaient pas eue ! ». « Mais si vous êtes recensée, ça ne pose de problème », la rassure Mahamat Saleh Moussa.
Ils sont plusieurs dizaines de militants de cette organisation à sillonner tous les jours, marchés, terminaux de bus ou stations de taxis-motos pour motiver les retardataires, nous explique Hapsita une militante. « On essaie de motiver les gens, pour qu’ils ne se découragent pas. Les cartes ne sont pas toutes arrivées en même temps, elles viennent par vague. Si tu ne l’as pas aujourd’hui, tu l’auras demain… C’est très important (de voter) parce qu’il n’y a pas que la présidentielle, il y a aussi les maires, les députés et chacun doit faire son choix. »
Un travail de sensibilisation jusqu’au dernier jour car selon plusieurs analystes il y a désintérêt croissant pour la politique.
RFI