Alors que les violations du cessez-le-feu se multiplient dans l’Est de l’Ukraine, la crainte d’une reprise intensive des combats est dans les esprits. D’autant que le négociateur russe a menacé d’intervenir. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est, lui, rendu sur la ligne de front. Le sujet a été abordé lors d’une conversation téléphonique entre Angela Merkel et Vladimir Poutine. Un échange, alors que les pourparlers de paix qui réunissent l’Ukraine et la Russie, avec une médiation franco-allemande, sont dans l’impasse.
Le représentant de Moscou dans les négociations de paix, Dmitri Kozak a prévenu. La Russie pourrait venir « défendre » les populations locales du Donbass en cas d’opération militaire ukrainienne d’envergure. La Russie aurait distribué 600 000 passeports dans la région, selon le journal Kommersant.
Kiev et les Occidentaux ont ces derniers jours critiqué Moscou pour avoir massé des troupes à la frontière ukrainienne et en Crimée, péninsule annexée par la Russie, alors que les incidents armés meurtriers avec les séparatistes prorusses sont quasi-quotidiens. Les États-Unis se sont ainsi dits ce jeudi « de plus en plus préoccupés par la récente escalade des attaques russes dans l’est de l’Ukraine ». « Ce sont des signaux extrêmement inquiétants », a affirmé la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki.
Zelensky sur le front en treillis
Le président ukrainien était, quant à lui, jeudi sur le front du conflit où les heurts se multiplient avec les séparatistes prorusses, et a reçu le soutien de Berlin qui a demandé au Kremlin de réduire sa présence militaire aux frontières de l’Ukraine.
Revêtu d’un treillis militaire, d’un gilet pare-balles et d’un masque anti-Covid, Volodymyr Zelensky a passé en revue des troupes dans les tranchées de la région de Lougansk, théâtre de récents affrontements, selon des images et un communiqué diffusés par la présidence ukrainienne.
« Il y a une détérioration de la situation dans le Donbass », a déclaré le chef de l’État ukrainien, déplorant que « des tireurs d’élite tirent sur nos gars » et assurant que « l’armée ripostait » à ces attaques.
Merkel demande à Poutine de réduire ses troupes à la frontière
Volodymyr Zelensky a reçu le soutien de Berlin. La chancelière Angela Merkel s’est chargée d’évoquer avec Vladimir Poutine « le renforcement de la présence militaire russe dans l’est de l’Ukraine ». Selon le communiqué du gouvernement allemand publié à l’issue de l’entretien, « la chancelière a demandé que ces renforts de troupes soient réduits dans un objectif de désescalade ». Une demande à laquelle Moscou n’a pas répondu.
De son côté, le président russe a insisté sur la responsabilité de Kiev dans la montée des tensions actuelle, ce que l’Ukraine conteste. Pour le Kremlin, les « provocations » ukrainiennes « visent ces derniers temps à aggraver volontairement la situation sur la ligne de contact ».
Poursuite des négociations de paix
La dernière réunion en format de Normandie s’est déroulée à l’Elysée en décembre 2019. Depuis, les dirigeants russe et ukrainien ne se sont pas parlés directement : ce sont la France et l’Allemagne, qui s’efforcent de faire passer les messages.
Si les négociations à quatre au plus haut niveau sont au point mort, elles se poursuivent toutefois au niveau des conseillers politiques. Selon Dmitri Kozak, les prochaines se tiendront le 19 avril.
RFI