Une commission d’enquête « indépendante et impartiale » sera mise sur pied après les manifestations qui ont secoué le pays début mars. Le gouvernement en a fait l’annonce jeudi 8 avril et a présenté son bilan des événements. Dans un mémorandum de 24 pages, il fait état de 13 morts durant les troubles. Des violences qui ont éclaté dans le sillage de l’affaire judiciaire impliquant Ousmane Sonko, l’opposant accusé de viol par une employée d’un salon de massage. Les autorités assurent que justice sera faite.
Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac
« Rétablir la vérité et situer les responsabilités » après les manifestations. Voilà les objectifs de cette commission d’enquête, annoncée dans une volonté d’« apaisement » selon le gouvernement.
« C’est une commission ouverte et les membres de l’opposition et de la société civile pourront y être, a précisé le ministre des Forces armées Sidiki Kaba, pour que cette commission puisse travailler en toute indépendance sur ce que les uns ou les autres ont eu à faire. »
Aucun calendrier n’a été précisé. La commission sera chargée de faire la lumière sur la présence ou non de « forces occultes » parmi les manifestants – expression employée par le ministre de l’Intérieur durant les troubles-, ou sur celle de « nervis » -ces hommes de main – aux côtés des forces de l’ordre.
Alors que l’opposition et des organisations de la société civile accusent les policiers et gendarmes d’usage excessif de la force, Sidiki Kaba assure qu’il n’y aura pas d’impunité. Mais il salue le professionnalisme des forces de défense et de sécurité. « Les instructions données par le président Macky Sall, c’est qu’il ne fallait pas tirer sur les manifestants, et cela n’a pas été fait. Les forces de l’ordre ont fait preuve de retenue, de sang-froid. N’eut été cela, nous aurions eu un bain de sang. »
La procédure judiciaire impliquant Ousmane Sonko a été « un ouragan », une « onde de choc », sur un « terreau fertile », analyse le ministre. Il assure que « la justice rendra son verdict en toute indépendance ».
De son côté, le Mouvement de Défense de la Démocratie « prend acte » de la création d’une commission d’enquête indépendante. C’était l’une des revendications de cette coalition de partis politiques d’opposition et d’organisations de la société civile créée après l’arrestation d’Ousmane Sonko. Mais le M2D dit rester « vigilant » sur les modalités de mise en place de cette commission, et affiche d’ores et déjà son « scepticisme » sur son impartialité vis-à-vis de l’opposant.
RFI