Cette semaine, c’est le début du ramadan pour les musulmans du monde entier. Toute la semaine, les correspondants de RFI vous rapportent ce moment de jeûne, de prières et de partage dans un contexte de pandémie avec parfois aussi des restrictions autres que sanitaires. En Chine, la pratique du ramadan doit être « conforme à la loi chinoise ».
De notre correspondant,
Sur les sites des médias chinois, les réseaux sociaux aussi, on trouve très peu de choses pour l’instant sur le ramadan en Chine. Ce n’est pas surprenant, puisque que la période de jeûne n’a pas encore commencé, mais comparé aux années précédentes, il n’y a pas de traces sur les réseaux sociaux, pour l’instant encore une fois, de consignes données par les autorités locales ou les unités de travail de certaines villes des provinces et région où vivent les minorités musulmanes concernant la prévention de certaines pratiques religieuses. On a même, au contraire ces mots d’Abdulli Ablimiti, le président de l’association islamique du comté de Yarkant à Kachgar, ville où se trouve la plus grande mosquée de la région autonome ouïghour qui dit : « Welcome. Bienvenue aux médias du monde entier au Xinjiang pendant le ramadan », ce dernier ne manquant pas de préciser que l’interdiction faite aux musulmans de jeûner n’est que « rumeur » et calomnie.
Une pratique du ramadan « conforme à la loi chinoise »
Depuis maintenant plusieurs années, la période de début de ramadan donne lieu à une bataille très active sur le front de la propagande. À chaque fois, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères rappellent que les pratiques religieuses sont libres en Chine, dès l’instant où elles sont conformes à la loi chinoise. Or, par le passé, les manifestations d’appartenance religieuse ont été classées comme signe d’extrémisme pouvant mener au terrorisme : le port de la barbe, le voile, mais aussi le jeûne.
Des musulmans du Xinjiang témoignent affirment même qu’ils ont été contraints de manger du porc dans leurs entreprises. Il y a eu aussi des avis publiés sur les sites web officiels de certains comtés déclarant par exemple que les élèves du secondaire ne pouvaient pas participer au ramadan afin de suivre correctement leur scolarité.
Cela ne veut pas dire que ces consignes ont disparu, mais nous n’avons pas trouvé trace de ce type d’avis en tout cas sur les réseaux sociaux qui sont, rappelons-le, très surveillés en Chine et censurés. On peut aussi s’interroger d’ailleurs sur le fait qu’en raison des pressions internationales contre la répression de la minorité musulmane au Xinjiang, et bien que ces restrictions ont été sinon levées du moins adoucies cette année.
Dialogue de sourds
Depuis toujours le parti communiste se méfie de la concurrence des religions et cette méfiance s’est encore renforcée ces dernières années. On parle bien ici de religion sinisée dans le cadre du « socialisme à la chinoise. » Ce qui n’est pas la même chose qu’une religion observée à l’étranger.
On constate d’ailleurs que les musulmans du Xinjiang ne sont pas les seuls à voir leurs pratiques religieuses contraintes. C’est vrai aussi pour la communauté Hui au Ningxia ou dans d’autres provinces de Chine. Un exemple pour illustrer ceci: dans le Hunan, province du centre de la Chine et pays de naissance de Mao, un avis du comité islamique de Shaoyang précise les règlementations en matière d’organisation et de sécurité du ramadan.
Mais il est dit aussi que la gestion des mosquées doit suivre les directives de la nouvelle ère du socialisme, l’esprit du 19e Congrès du parti avec Xi Jinping comme guide… « en organisant la communauté de manière a ce que les musulmans étudient l’histoire du parti communiste chinois ».
RFI