Les autorités de la province ne cachent pas leur inquiétude, surtout que la coalition qui est à la manœuvre comprend les principaux groupes armés de la zone. Des attaques coordonnées sur plusieurs localités du territoire. Les FARDC sont parvenus à en reprendre certaines et préparaient une grande offensive.
Avec notre envoyée spéciale à Kinshasa, Sonia Rolley
Si vous posez la question, c’est incompréhensible toutes ces attaques coordonnées avec ces hommes bien armés, explique une autorité du Nord-Kivu. La coalition à laquelle font face les militaires congolais est composé de plusieurs groupes autrefois rivaux : des membres des APCLS, des Nyatura, et notamment de la nouvelle plateforme du CMC, très proches des rebelles hutus rwandais, FDLR, auxquels s’ajouteraient aujourd’hui, selon ses informations, des combattants du NDC-Renové du chef de guerre Guidon pourtant longtemps considéré comme un allié de l’armée congolaise et un ennemi de la coalition Nyatura-APCLS.
Depuis l’an dernier, deux factions de ce groupe s’opposent, l’une d’elles est fidèle au chef de guerre Guidon. « Ces groupes s’allient quand leur survie est en jeu et Guidon a perdu le soutien d’officiers FARDC », précise un chercheur local qui dit observer depuis des mois une dégradation régulière de la situation. Ce chercheur explique aussi que l’un des groupes de la faction rivale de Guidon a participé aux opérations contre l’APCLS. C’est ainsi que les anciens ennemis seraient redevenus alliés.
Autre facteur qui pourrait expliquer cette mobilisation : l’annonce de discussions avec l’armée rwandaise autour de futures opérations alors que les populations locales y sont hostiles. Toujours est-il que pour la société civile, ces attaques sont rendues possibles par le peu d’effectifs de l’armée congolaise sur le terrain. « On ne peut pas non plus mettre des militaires dans chaque localité, le problème, c’est qu’ils attaquent sur plusieurs fronts », réplique-on du côté de gouvernorat de la province.
Médecins sans frontières a reçu au moins 17 blessés dans les structures de santé que l’ONG soutient. MSF dit aussi avoir au moins 6 000 déplacés dans la zone.
RFI