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Japon: l’eau contaminée par la catastrophe de Fukushima sera déversée dans l’océan

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Le Japon a décidé de déverser en mer plus d’un million de tonnes d’eau contaminée de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima. Les limites de stockage de cette eau – en partie traitée – vont bientôt être atteintes. Cette décision du gouvernement intervient dix ans après l’accident de la centrale causé par un tremblement de terre de force 9 sur l’échelle de Richter suivi d’un tsunami géant. Elle suscite l’opposition des pêcheurs de Fukushima et des pays voisins dont la Corée du Sud, la Chine et Taïwan.

Les pêcheurs de la région de Fukushima souffrent déjà de rumeurs sur leurs poissons qu’ils ne parviennent à vendre qu’à prix réduit, écrit notre correspondant au Japon, Frédéric Charles. Un rejet de l’eau après traitement serait mal compris des consommateurs et aurait un « impact catastrophique sur leur industrie », disent-ils. Le rejet de l’eau dans l’océan Pacifique débutera dans environ deux ans.

500 piscines olympiques

Près de 1,3 million de tonnes sont stockées dans un millier de réservoirs sur le site nucléaire. De quoi remplir 500 piscines olympiques ! Il en coûte, chaque année, à son opérateur Tepco, plus de 900 millions de dollars. Les capacités de stockage de l’eau contaminée utilisée pour refroidir trois des six réacteurs qui étaient entrés en fusion vont atteindre leurs limites dès l’automne 2022. La  centrale doit aussi récupérer les eaux souterraines qui s’infiltrent dans les sous-sols des bâtiments des réacteurs.

La plupart des centrales rejettent du tritium

Tepco parvient à filtrer l’eau, à retirer tous ses radionucléides sauf un : le tritium. Le gouvernement japonais rappelle que la plupart des centrales dans le monde rejettent de l’eau contenant du tritium sans conséquences sur l’environnement marin. Ken Buesseler, un scientifique de l’Institut océanographique Woods Hole aux États-Unis qui s’est rendu plusieurs fois à Fukushima observe que « des contaminants autres que le tritium restent encore à des niveaux très élevés dans les réservoirs » sur le site de la centrale. Et ces contaminants « présentent tous un plus grand risque pour la santé que le tritium car ils s’accumulent plus facilement dans les fruits de mer et les sédiments du fond marin ».

La Chine et le « silence des médias occidentaux »

Du côté de la Chine, les propriétaires de voitures japonaises pourraient avoir du souci à se faire ces prochains jours. Pour certains responsables nippons, ces plus d’un million de tonnes d’eau traitée qui ont servi à refroidir les réacteurs de Fukushima ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan pacifique. Mais pour Pékin ce geste est considéré comme « extrêmement irresponsable » et portant « gravement atteinte à la santé et à la sécurité de tous », rapporte notre correspondant à PékinStéphane Lagarde.

La réaction quasi immédiate de la diplomatie chinoise ce mardi a aussitôt été rapportée par l’ensemble de la presse d’État. Plus d’un million de likes un peu plus de deux heures après la publication de la nouvelle sur le site du Quotidien du Peuple, 560 000 commentaires, pour certains inquiets : « C’est un désastre pour l’humanité toute entière ». Pour d’autres, en colère et renvoyant la faute sur les États-Unis accusés d’avoir donné le feu vert au Japon. L’argument récurrent de la diplomatie chinoise d’un supposé « deux poids deux mesures » et supposé « silence des médias occidentaux » est également repris par les réseaux sociaux. « Qu’est-ce que ce serait si la Chine avait rejeté ses eaux usées », feint de s’interroger un weibonaute ?

Pékin entend maintenant convaincre la communauté internationale de ce qu’elle considère comme une faute commise par le Japon, aidé de l’allié américain. La centrale de Fukushima a profondément marqué les esprits dans le nord-est asiatique. Les Chinois de la côte-est se souvenant avoir stocké du sel chez eux il y a dix ans au lendemain de l’accident, par crainte des retombées radioactives.

RFI

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