L’émotion japonaise ne faiblit pas depuis que le gouvernement a annoncé mardi 13 avril de déverser dans l’océan Pacifique plus d’un million de tonnes d’eau provenant de la centrale nucléaire de Fukushima. L’eau contiendra du tritium, un radionucléide qui n’est pas très dangereux selon les autorités : ce serait sans danger pour la santé ou pour l’environnement. Mais pour les pêcheurs de Fukushima, l’impact économique risque d’être catastrophique.
Avec notre correspondant à Tokyo, Bruno Duval
Les pêcheurs de la région de Fukushima accusent le coup. À l’image d’un responsable d’une coopérative, qui s’attend au pire :
« Ces rejets en mer, ce sera le coup de grâce donné à notre profession. Qui voudra encore acheter nos poissons quand on aura déversé tout ce tritium dans l’océan ? Ils seront invendables, tous les consommateurs se méfieront. Et puis, ce sera dur aussi pour les commerçants des stations balnéaires. Quel touriste va oser venir se baigner dans une mer où on a déversé des eaux qui n’ont été que partiellement décontaminées ? Bref, je croise vraiment les doigts pour qu’on n’en arrive pas là… »
Les consommateurs accepteront-ils de se retrouver avec de la limande ou du maquereau… au tritium ? Cela pourrait les pousser à hésiter, y compris les plus solidaires des pêcheurs de Fukushima, comme ces deux Tokyoïtes croisés au rayon poissons d’un supermarché.
« Depuis 2011, ma mère et moi, on achète systématiquement les poissons provenant de Fukushima. Pour aider tous ces pêcheurs, qui sont vraiment formidables », explique un client. « Avec tout ce qu’ils ont enduré, c’est bien de les soutenir. D’autant que, 10 ans après la catastrophe, leur vie n’est toujours pas facile », dit une autre.
Dans un sondage, 18 % seulement des sondés approuvent la décision du gouvernement. Et 70 % d’entre eux déclarent qu’après de tels rejets en mer, ils y regarderont à deux fois avant d’acheter du poisson de Fukushima.
RFI