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Ukraine: face à Moscou, la Turquie soutient Kiev et semble se rapprocher des Occidentaux

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La Turquie dira "au revoir" si l'UE n'ouvre pas de nouveaux chapitres de négociation

Les tensions croissantes entre l’Ukraine et la Russie à la frontière tend également les relations entre Moscou et Ankara, soutien de Kiev et opposé à l’annexion de la Crimée. Alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan a reçu samedi 10 avril son homologue ukrainien Volodymyr Zelensly, la Russie a annoncé lundi 12 avril la suspension des vols vers la Turquie du 15 avril au 1er juin, dans une situation qui pourrait forcer Ankara à se rapprocher de ses alliés occidentaux.

Officiellement, l’annonce de la suspension des vols russes vers la Turquie est dû à l’augmentation des cas de Covid-19, et personne des deux côtés ne la décrit comme un avertissement de Moscou à Ankara. Le ton change en Turquie vis-à-vis de la Russie. Fournisseur de missiles S-400 à l’armée turque, la deuxième de l’Otan, la Russie est aujourd’hui surtout décrite comme « un interlocuteur difficile ».

En Turquie, on se plaint même d’être la seule force occidentale à essayer de faire le poids face aux Russes sur tous les terrains.

La Turquie réaffirme au passage son ancrage dans le camp occidental, après avoir suscité des questions et parfois créé le doute chez ses partenaires. Mais la Turquie attend toutefois des gages en contrepartie de cette prise de position.

D’abord, un engagement fort de ses alliés contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), actuellement qualifié de « terroriste » en Europe et aux États-Unis. Mais également engins anti-missiles américains, donc la vente de Patriot a été refusée par l’ancien locataire de la Maison Blanche Barack Obama. Un sujet pour lequel on se montre optimiste en Turquie.

L’Otan doit répondre mercredi 14 et jeudi 15 avril à l’afflux de troupes russes à la frontière avec l’Ukraine. En attendant, des bâtiments de de guerre américains vont transiter en direction de la mer Noire… via le détroit turc du Bosphore.

La Turquie ne « pourra pas aller trop loin » dans le soutien à l’Ukraine

Au-delà des très nombreux touristes russes qui privilégie la Turquie pour leurs vacances, il existe une sorte de confiance entre les présidents russe et turc, malgré les hauts et bas entre Moscou et Ankara. La Turquie ne « pourra pas aller trop loin » dans le soutien à l’Ukraine, selon Florent Parmentier, enseignant à Sciences Po et chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC.

On a vu que, pragmatiquement de part et d’autre, ils ont réussi à trouver bon an, mal an, une forme de modus vivendi. Même quand ils ne sont pas d’accord, sur la Libye, sur le Caucase, même sur la Syrie, on a quelque chose qui est de l’ordre de poser un rapport de forces et ensuite de venir négocier autour de la table. Et de ce point de vue effectivement, il y a un pari d’Erdogan sur le président Zelensky, qui montre qu’il ira jusqu’à un certain point dans le soutien à Zelensky, mais ne pourra vraisemblablement pas aller trop loin. Puisqu’il faut rappeler que la Russie est l’un des grands acteurs du tourisme en Turquie : il y a énormément de Russes qui séjournent en Turquie dans l’été et le fait de suspendre les avions, ça a précisément la fonction de dire « ne comptez pas sur le domaine touristique russe, si vous allez trop loin dans vos relations avec Zelensky ». Il y a probablement d’autres messages qui peuvent être envoyés mais pour l’instant, on se concentre sur une raison, c’est la jonction aérienne entre la Russie et la Turquie.

RFI

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