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Afghanistan: un retrait américain inévitable après une guerre ratée

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Des militaires afghans surveillent leur positions pendant l'attaque de la base voisine de Balkh, le 21 avril 2017.

Après vingt ans de guerre, la plus longue connue par les États-Unis, le président américain Joe Biden a annoncé le retrait de toutes les troupes américaines de l’Afghanistan « sans condition » d’ici le 11 septembre, malgré les craintes d’un retour en force des Talibans. Pour de nombreux experts, cette guerre n’a pas fait avancer les choses sur le terrain, ce qui était prévisible dès le départ.

Les objectifs de la guerre américaine en Afghanistan ont-ils vraiment été atteints, comme l’a affirmé ce mercredi Joe Biden ? Les troupes envoyées il y a vingt ans dans le pays à la suite des attentats du 11-septembre sont-elles parvenues à « s’assurer que l’Afghanistan ne serve pas de base pour attaquer à nouveau » l’Amérique, selon les mots du successeur de Donald Trump ?

Michel Goya, ancien colonel de l’armée de Terre, historien et spécialiste des conflits, répond par la négative : « Al-Qaïda est toujours là. Les Talibans sont toujours là. Ils sont même presque aussi forts qu’ils l’étaient en 2001. Donc on est au bout d’un processus que l’on peut appeler une guerre ratée, incontestablement. C’est une guerre dont le ratage était prévisible presque dès le départ, mais qui a continué, qui a persévéré parce qu’on s’est engagé dans quelque chose dont on ne savait pas très bien comment sortir, avec des objectifs extrêmement ambitieux, trop ambitieux et qui, en réalité, ne pouvaient pas être atteints. Le principe de réalité a finalement pris le dessus tardivement. ce qui a conduit au retrait. »

Ce mercredi, le président Joe Biden a annoncé le retrait des 2 500 soldats américains restants en Afghanistan à partir du 1er mai prochain et d’ici le 11 septembre, soit vingt ans jour pour jour après les attentats aux États-Unis ayant provoqué l’intervention américaine. Soulignant être « le quatrième président américain à gérer la présence militaire américaine en Afghanistan », il a promis de ne pas transmettre « cette responsabilité à un cinquième », en jugeant vain d’attendre « de créer les conditions idéales pour un retrait ».

Un retour pas exclu

Selon Michel Goya, interrogé par Cléa Broadhurst du service international de RFI, Joe Biden a pris cette décision après avoir compris que la solution militaire en Afghanistan n’allait pas aboutir.  Le président américain, souligne le colonel, « s’est retrouvé un peu dans la même position qu’Obama avec l’engagement en Irak : (une) situation où en réalité il n’y a pas le choix… entre continuer une sorte de guerre éternelle, sans espoir d’obtenir un résultat décisif, ou se retirer. c’est toujours un choix délicat puisque le retrait sera synonyme d’échec, de défaite. Comme le succès total était de toute façon hors de portée, c’est certainement la solution la plus sage. »

« C’est la bonne décision », a d’ailleurs salué l’ex-président Barack Obama, qui avait envoyé d’importants renforts dans le pays en 2009 contre l’avis de son bras droit de l’époque, Joe Biden.

« Mais la guerre n’est pas terminée pour autant, avertit Michel Goya. Les Américains seront partis militairement, mais ils seront toujours présents de diverses façons. Il faut bien comprendre par exemple que l’Afghanistan est un État qui n’a pas les moyens de payer son armée. C’est une armée importante, qui a été créée pratiquement de toutes pièces avec l’aide des alliés et des Américains en particulier, et qui est payée par les Américains. Ces derniers vont continuer certainement à financer les forces de sécurité afghanes. ce qui va leur coûter quand même encore assez cher. Il n’est pas exclu d’ailleurs qu’ils puissent réintervenir, par l’emploi de forces aériennes éventuellement. »

Ce mercredi, Joe Biden a prévenu qu’il tiendrait les Talibans pour « responsables » s’ils devaient trahir leur « engagement ». « Retirer nos forces d’Afghanistan d’ici le 11 septembre ne fera qu’enhardir les jihadistes qui ont attaqué notre pays 20 ans plus tôt », a protesté au contraire la députée républicaine Liz Cheney, fille du vice-président Dick Cheney, l’un des initiateurs de l’intervention en Afghanistan en 2001.

RFI

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