En détention provisoire depuis huit ans, Amadé Ouérémi sera fixé sur son sort ce jeudi 15 avril dans l’après-midi. Le brigant de l’ouest ivoirien, accusé d’être responsable du massacre de centaines de personnes les 28 et 29 mars 2011 à Duékoué, encourt la prison à vie. Mercredi se tenait la septième journée de son procès, avec le réquisitoire et les plaidoieries.
Avec notre correspondant à Abidjan, Pierre Pinto
À la barre, écoutant le procureur, Amadé Ouérémi secoue la tête en signe de désaccord et lève le doigt comme un élève pour demander, en vain, la parole.
Le procureur l’accable. Il revient sur de nombreux témoignages pour souligner la sauvagerie qui a marqué ces 28 et 29 mars 2011 à Duékoué-Carrefour. Des exactions dont Amadé Ouérémi serait le seul responsable, avec ses hommes. Et de citer des témoins qui, pour certains, affirment avoir vu l’accusé sur les lieux ces jours-là, lui qui affirme n’avoir pas été présent à Duekoué avant le 29 en fin d’après midi.
Le procureur présente aussi Amadé Ouérémi en chef de milice à la tête de plus d’une centaine d’hommes armés, quand l’accusé n’a eu de cesse dans ce procès de se poser en simple élément sous les ordres de chefs rebelles. Des chefs rebelles jamais cités par le rocureur, qui requiert contre Amadé Ouérémi la prison à vie.
L’avocate de la défense pointe le manque de preuves présentées lors ce procès et estime que les vrais responsables sont les anciens chefs rebelles, en tête desquels le comzone, aujourd’hui colonel Losseni Fofana. Amadé Ouérémi ne serait qu’un lampiste, selon Me Serigba : « On veut faire porter le chapeau à ce monsieur frêle et analphabète pour tout ce qui s’est passé comme atrocités. Il a été trompé, instrumentalisé, lui et les membres de sa communauté. Les commanditaires demeurent. »
« Je n’ai pas dirigé. Je n’ai pas donné l’ordre d’attaquer la ville. Je n’ai pas sorti les fusils. Je n’ai pas donné les balles » conclut Amadé Ouérémi. Le verdict est attendu ce jeudi 15 avril dans l’après-midi.
RFI