Après un cessez-le-feu temporaire d’un mois, le Haut Conseil Islamique du Mali a obtenu, en début de la semaine dernière, un accord de paix définitif entre les chasseurs et les djihadistes dans toutes les 12 communes du cercle de Niono. Cet accord, selon le négociateur principal au compte du Haut Conseil Islamique du Mali, Mohamed Moufah Haïdara, ne concerne que les populations, les chasseurs et les djihadistes dans le cercle de Niono. L’armée ne fait pas partie du lot.
Les populations du cercle de Niono peuvent, enfin, vaquer librement à leurs occupations. Elles ne seront ni inquiétées par les djihadistes ni par les chasseurs. Entre les chasseurs et les djihadistes aussi qui étaient deux ennemis jurés, la hache de guerre est enterrée. Ils ont entamé des actions allant dans le sens de la cohésion sociale.
Franc dialogue entre chasseurs et djihadistes
Dans la crise du cercle de Niono, les principaux acteurs sont les chasseurs traditionnels et les djihadistes. C’est donc pourquoi le Haut conseil Islamique, selon le négociateur principal en son nom, a jugé utile d’engager des négociations sincères entre ces deux acteurs. « Depuis le début, nous avons commencé la négociation directe entre les djihadistes et les chasseurs, tous deux armés. Dieu merci, tous les deux camps ont accepté le dialogue. Pendant la négociation, chacun des camps a fait des propositions et nous avions eu, pour la première fois, un accord temporaire d’un mois qui a été signé le 14 mars 2021 », a rappelé Mohamed Moufah Haïdara, le négociateur principal au compte du HCI. Selon lui, l’accord a concerné toutes les 12 communes du cercle de Niono même si les djihadistes, à l’en croire, avaient émis la proposition de soustraire le village de Farabougou à cause de la présence de l’armée malienne.
Un accord définitif trouvé dans tout le cercle de Niono
Dans l’accord temporaire, il a été dit que les chasseurs ne partiront pas dans la forêt où se trouvent les djihadistes. Quant aux djihadistes, ils n’avaient pas droit d’entrer dans les villages. Mais dans l’accord définitif, chacun est libre de circuler comme il veut et à tout moment. « Les chasseurs peuvent partir dans la forêt comme ils veulent. Les djihadistes aussi peuvent venir faire leurs courses dans les villages sans problèmes selon l’accord définitif. Les populations sont libres de circuler, de faire leur commerce, de travailler leurs champs », a déclaré Mohamed Moufah Haïdara. À en croire le négociateur principal, les djihadistes ont abandonné leur revendication concernant le départ de l’armée malienne du village de Farabougou. Ce n’est pas tout, dans l’accord définitif, il a été demandé à ce que les chasseurs lèvent leurs check-points dans les entrées des différents villages. Donc la libre circulation des personnes et leurs biens est garantie partout. Aussi, les chasseurs peuvent aller faire leur chasse dans la forêt, mais avec des fusils de chasse. Contrairement à ce que certains avancent, Mohamed Moufah Haïdara a indiqué cet accord ne fait pas du cercle de Niono une localité islamique. « Ce que les djihadistes ont demandé en termes de religion, c’est que les femmes soient couvertes quand elles vont vers eux. Aussi, ont-ils insisté sur la justice sociale », précise notre interlocuteur. Il a été, selon Mohamed Moufah Haïdara, demandé à ce que la justice concernant les peuls soit confiée aux djihadistes.
L’armée n’est pas concernée par l’accord
Lors de notre entretien, le leader religieux et membre du Haut Conseil Islamique, Mohamed Moufah Haïdara a indiqué que l’accord ne concerne pas les militaires. « Il n’y a pas d’accord entre l’armée et les djihadistes. Nous n’avons pas été mandatés pour chercher cet accord. Ça, c’est à un autre niveau », a-t-il laissé entendre.
Selon M. Haïdara, les djihadistes avaient, dans un premier temps, demandé à ce que l’armée quitte le village de Farabougou. Cette revendication a été faite auprès des chasseurs et du Haut Conseil Islamique. Mais, selon le négociateur principal, ni les chasseurs ni le Haut Conseil Islamique n’ont donné d’engagement quant à cette revendication des djihadistes, car la décision du départ de l’armée du village de Farabougou revient à l’État. « Les djihadistes ont donné un mois pour que l’armée malienne quitte le village de Farabougou. Ils nous ont demandé de transmettre le message aux autorités qui sont capables de prendre cette décision. Chose que nous avons faite », a laissé entendre M. Haidara qui affirme qu’ils n’ont pas eu de réponse de la part des plus hautes autorités du Mali sur cette sollicitation. « Quand nous sommes retournés pour les négociations le 12 avril, nous avons clairement dit aux djihadistes que le départ de l’armée du village de Farabougou ne dépend ni des populations ni des chasseurs encore moins du Haut conseil islamique. Il dépend de l’État qui nous a donné aucune réponse par rapport à leur demande. Nous leur avons ainsi demandé, au nom du bonheur des populations et au nom de la religion, d’accepter à ce que le village de Farabougou fasse partie de l’accord. Et ils l’ont accepté », a précisé le représentant du Haut Conseil Islamique, Mohamed Moufah Haïdara. Ils ont accepté cette proposition du Haut Conseil Islamique, mais ont posé leur condition. « Ils ont demandé aux chasseurs de ne pas intervenir dans les conflits entre eux, djihadistes, et les militaires. Chose que les chasseurs ont acceptée, car ils ne s’interféraient pas dans les affrontements entre chasseurs et djihadistes même avant », explique Mohamed Moufah Haïdara.
Par ailleurs, Mohamed Moufah Haïdara trouve nécessaire de dialoguer avec les djihadistes maliens afin que cessent les hostilités.
Boureima Guindo
Source: Le Pays