A la faveur d’une conférence de presse tenue, samedi 17 avril 2021, des membres de quatre collectifs réunis ont dit « niet » à toute suppression de la carte Nina, et plaident pour sa « dissociation avec le passeport ».Cela, au moment où l’annonce de ladite suppression avait été démentie par une responsable du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Saharou Dramé, représentant du collectif des représentants de la région de Kayes ; Martin Aly Berthe, coordinateur du club des victimes de la carte Nina ; Keba Diallo ; anti carte Nina ; et Jean Doumbia, coordinateur du contrôle citoyen de la diaspora ne cachent plus leurs intentions. Si des rumeurs censées venir des autorités compétentes certifient la suppression de la carte Nina dans quelques mois, ces conférenciers disent « niet » à cette décision. En substance, ils demandent la prise « imminente » d’une décision dissociant « la carte Nina au passeport malien ».Suivant Martin Aly Berthe, cette conférence a été organisée en vue d’exprimer leur sentiment de joie pour ce qui concerne le renseignement biométrique RAVEC .Certes, aucun pays ne saurait être développé sans cet enregistrement biométrique, « mais nous voulons, ajoute Martin Aly Berthe, la dissociation de la carte Nina au passeport malien ».Vu le nombre de pertes d’emplois de la diaspora et celui des vies humaines dénombrés à l’extérieur du pays, cette demande de dissocier les deux documents reste, d’après lui, « une demande humble ».
A saisir ses mots, il arrive à certains de nos compatriotes de se donner la mort par faute de ne pas obtenir le passeport. Quant à Saharou Dramé, la liaison de la carte Nina au passeport fait que pas mal de familles vivent en détresse et dans la faim au Mali aujourd’hui. « Avec ce système de liaison de ces documents, nos aventuriers sont confrontés à beaucoup de difficultés présentement. Il y a des Maliens vivant en France qui n’arrivent plus à envoyer de l’argent à leur famille ici à cause de ce problème », a-t-il prononcé, rappelant que les soninkés (une ethnie du Mali) ont commencé à aller à l’aventure dans les années 1965-1966.Tout le monde connait le rôle prépondérant que joue la diaspora malienne. Mais la persistance de ce phénomène fait qu’il n’y a plus de possibilité pour nos compatriotes de pouvoir travailler confortablement à l’extérieur afin de pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles au Mali, a-t-il confié. « J’ai vu des gens gravement atteints des maladies et qui devraient urgemment être évacués dans d’autres pays. Mais ils sont morts ici au Mali pour faute de passeport difficile à avoir et à renouveler », dira le conférencier Dramé. Pour Jean Doumbia, le gouvernement ferait mieux de dire autre discours que la suppression de cette carte.
« Qu’on ne se leurre pas, des beaux discours ne valent absolument à rien. Dire qu’ils (les membres du gouvernement) vont supprimer la carte Nina en promettant que la carte d’identité sera biométrique n’est pas vrai. Nous cherchons à survivre actuellement, et n’avons donc pas ce temps d’attente », extériorise Jean Doumbia. Et de convier les autorités à prendre une décision politique pour pouvoir mettre un terme aux souffrances de la diaspora dues à la liaison de deux documents.
Notons que dans un article publié par nos confrères de « Studio Tamani », une conseillère technique du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a démenti la suppression de la carte Nina. « Ce n’est pas vrai, il n’a jamais été dit que la care Nina sera supprimée. Cela n’est dans aucun plan ici », a-t-elle dit.
Mamadou Diarra
Source: Le Pays