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Flambée épidémique en Inde: ce que l’on sait sur le «variant indien» du Covid-19

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Après une accalmie de quelques mois en Inde, la situation sanitaire continue de se dégrader de manière inquiétante. Sur les sept derniers jours, le pays dénombre près de 250 000 contaminations journalières, et plus de 300 000 rien que pour la journée du mercredi 21 avril. Et cela pourrait être dû à ce « variant indien ».

C’est un variant dont on sait encore peu de choses, mais qui semble singulier. Il s’appelle B.1.617 de son vrai nom, et il a été détecté pour la première fois en octobre, selon les scientifiques, près de Nagpur, au centre de l’Inde. Ce variant est qualifié de « double mutant ».

« Il s’agit d’un mutant qui a des mutations qui sont retrouvées dans un variant californien, d’une part, et une autre mutation sur le même variant qui est retrouvé dans les variants brésilien et sud-africain. En d’autres termes, il a des propriétés qui lui confèrent une plus grande infectivité. C’est-à-dire qu’il est plus contagieux et qu’il a aussi une propriété qui le rend moins accessible à la protection vaccinale. Donc, c’est pour cela qu’on dit “double mutant” Mais, en réalité, c’est un seul mutant qui a des propriétés à cheval entre les variants brésilien, sud-africain et californien qui sévissent actuellement dans le monde », explique Patrick Berche, microbiologiste et membre de l’Académie de médecine.

En tout cas, ces deux mutations sont connues, séparément, pour contourner les anticorps et les voilà donc réunies en un seul variant.

Des cas chez les jeunes

Le « variant indien » serait donc particulièrement inquiétant et responsable de la flambée épidémique qui frappe l’Inde. Il pourrait être la cause de 55% des contaminations dans l’État du Maharashtra, celui de Bombay, la capitale économique de l’Inde, pas plus de 10% dans le reste du pays, même si cette augmentation des cas pourrait aussi s’expliquer par plusieurs rassemblements de masse ces dernières semaines.

On connaît encore peu de choses de ce variant indien, mais il présenterait des caractéristiques préoccupantes. « Ce que disent les médecins indiens, c’est qu’ils ont pas mal de cas chez des sujets jeunes, et même chez des enfants, ça, c’est assez inquiétant. Évidemment, plus le virus atteint des gens jeunes et tue des gens jeunes, plus il est virulent. Mais ça demande vérification, ça n’est pas étayé par des publications. On a des indications qui pourraient suggérer que le virus devient plus virulent, mais ce n’est pas pour le moment confirmé », poursuit le microbiologiste Patrick Berche. Il n’y pas d’éléments tangibles non plus pour affirmer que ce variant est indétectable lors des tests PCR.

Des variants difficiles à contenir

Après le « variant brésilien », l’émergence de ce « variant indien » prouve également que l’immunité collective sera bien difficile à obtenir dans un avenir proche. Le variant pourrait réduire l’efficacité des anticorps, causer un « échappement immunitaire », comme le décrit Santé publique France dans son analyse de risque liée aux variants émergents publiée au début du mois. Les vaccins actuellement administrés pourraient ainsi ne pas être complètement efficaces.

Pour Patrick Berche, l’apparition de ce type de variant était inévitable : « Ce qui est très inquiétant, c’est que plus le virus se multiplie rapidement, plus il y a des chances de voir apparaître des mutants. Donc, la situation actuellement est vraiment critique, et il faut absolument se protéger. On ne maîtrisera pas cette pandémie si on ne vaccine pas les pays du tiers-monde qui n’ont pas les moyens de se payer les vaccins. Il faut avoir véritablement une vision globale, une vision planétaire pour lutter contre ce virus. On aura toujours la possibilité qu’un variant vienne par avion, par exemple, ensemencer l’Europe ou les États-Unis ».

D’après les données de Santé publique France, ce variant est encore peu présent dans ces régions. Il a été détecté « sporadiquement en Angleterre, en Allemagne, au Canada et à Singapour ». Mercredi, sur France Info, Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, a estimé que le B.1.617 était probablement déjà en France. Plusieurs pays ont déjà pris des dispositions pour éviter qu’il ne se propage sur leur territoire. Le Royaume-Uni a, par exemple, interdit aux voyageurs en provenance d’Inde de pénétrer sur son sol. Seuls les résidents britanniques pourront être autorisés à rentrer sous réserve d’observer une quarantaine de dix jours. En France, l’Inde a été ajoutée à la liste des pays en provenance desquels les voyageurs seront soumis à dix jours d’isolement à leur arrivée sur le territoire.

RFI

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