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Accueil mitigé du chronogramme des élections générales : Des oppositions irréductibles de Kaou Djim et au sein de la junte !

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Les avertissements à peine voilés de la communauté internationale aux militaires de Bamako ont trouvé un écho favorable sur les berges du Djoliba : les autorités de la Transition ont publié, le 15 avril 2021, un chronogramme pour la tenue du prochain référendum constitutionnel et des élections générales, démarrant en octobre prochain jusqu’en mars 2022. Déclenchant réserves et hostilités !

La junte de Bamako n’a pas tardé à réagir face à l’impatience de la communauté internationale. Au cours de la réunion du Conseil de Sécurité du mardi 6 avril dernier, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, avait en effet ouvertement invité les autorités militaires maliennes au pouvoir à produire rapidement un calendrier électoral définitif, le tout sur fond de dialogue inclusif avec les partis politiques et la société civile autour de l’agenda de la Transition.

Chose faite donc ce 15 avril, du moins en partie. Car le pouvoir militaire n’a procédé à aucune consultation, encore moins associé quelques forces ou groupes que ce soit. Même le fameux Comité d’orientation stratégique, mis en place auprès de lui par le Premier ministre, n’a eu son mot à dire. Une démarche à la hussarde qui n’est pas du goût de tout le monde, au point que les observateurs s’interrogent de savoir si réellement le département du jeune lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga est bien l’initiateur de ce chronogramme dont il est pourtant le porteur !

Vers des élections bâclées

Mais le moins que l’on puisse dire est que, dès son annonce, cet agenda électoral suscite scepticisme voire défiance. Déjà, au sein même du Conseil national de la Transition, dont l’un des soutiens farouches de la junte, le coordinateur de l’appel citoyen pour la réussite de la transition (ACRT) et irréductible partisan de la candidature du colonel Assimi Goïta. Et Issa Kaou Djim, ne porte pas de gants, déjà en remettant en cause l’aptitude du Premier ministre de Transition à exécuter les engagements des nouvelles autorités : «Moctar Ouane a quelle légitimité ? Il est simplement rattaché !» le qualifie-t-il avec une pointe de mépris, en avertissant : «…il ne s’agit pas de donner un chronogramme pour des élections bâclées…», avant de porter l’estocade finale : «Qui va s’associer à ce chronogramme ? ».

Une mascarade à ses yeux. Car c’est le casus belli, quand bien même que l’ex-tonitruant coordinateur de la Coordination des mouvements et associations des sympathisants de l’Imam Dicko (CMAS), en même temps porte-parole et beau-fils du leader religieux (excusez du peu !), n’est plus en odeur de sainteté tant dans son ancienne chapelle qu’au sein de l’opinion. Issa Kaou Djim a pourtant mis le doigt sur le curseur.

Et apparemment, l’ex-porte-parole du prêcheur wahhabite ne s’insurge pas dans une saute d’humeur. Des sources rapportent qu’au sein de la junte, ce ne serait pas la belle unanimité autour de cet agenda de sortie de Transition. De toute évidence, le vice-président de la Transition et Numéro1 de la junte, le colonel Assimi Goïta, et ses proches ne souffleraient pas dans la même trompette que le président transitoire, le colonel Bah N’Daw. Les désaccords portent-ils sur le rythme, la durée voire la séquence retenue au terme de ce calendrier ? Toujours est-il qu’en l’état, le chronogramme retenu bouleverse les agendas particuliers, d’abord au sein de la junte militaire au pouvoir.

L’impression est davantage une précipitation à répondre à l’impatience de la communauté internationale qu’une solide maîtrise d’un calendrier de dévolution du pouvoir à un régime civil légitime. Le défaut de la cuirasse réside dans l’absence de l’association des forces vives du pays dont la junte a toujours fait l’économie, en dépit des appels du pied de la communauté internationale.

Certes, la plateforme JIGIYA KURA de l’ancien ministre Housseini Amion Guindo a salué, dans son communiqué du 18 avril 2021, «la publication du chronogramme des élections qui respecte le délai imparti pour la transition», mais elle note tout de même «le manque de concertation préalable avec la classe politique et la société civile», invitant donc «les autorités de la transition à plus d’inclusivité dans la mise en œuvre du chronogramme».

Absence de concertation et passage en force

Ce que ne manque pas de faire remarquer le M5-RFP qui, à travers Choguel K. Maïga, le coordinateur du Comité stratégique, a dénoncé dans sa déclaration de ce 19 avril 2021 le fait que le département l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porteur du chronogramme publié, n’ait même pas pris la peine d’en aviser deux jours plus tôt le cadre de concertation avec les partis politiques, avec lesquels la tutelle était en réunion le 13 avril précédent.

La contestation populaire, à l’origine de la chute d’IBK, pointe le mépris ainsi affiché envers un organe que le pouvoir militaire a lui-même créé, le Comité d’orientation stratégique, pour lequel les autorités militaires de la Transition n’ont eu «le moindre égard». Le M5-RF conclut ainsi «que le calendrier des élections soit ainsi publié sans la moindre concertation avec les forces politiques et sociales».

Mais au-delà des principes, l’ancienne contestation populaire fait part de plusieurs réserves objectives, relatives notamment au délai incompressible pour engager un «processus de consultation… avant la révision annuelle des listes électorales fixée par la loi au mois d’octobre… l’absence totale de temps prévu pour les consultations et les débats indispensables à l’élaboration de tout projet de Constitution ; le refus de la mise en place de l’Organe unique de gestion des élections, unanimement convenue au sein de l’ensemble de la classe politique ; une opacité totale sur le mode de scrutin et les circonscriptions électorales», ainsi que la récurrente question de la sécurité qui empêchera inévitablement la tenue des élections dans de larges parties du territoire national qui échappent toujours au contrôle de l’Etat.

En effet, depuis l’élection présidentielle de 2018 avec la réélection du président déchu, l’insécurité impacte durement près des deux-tiers du territoire national et un nombre considérable de la communauté nationale se trouve de facto exclu de l’expression du suffrage universel.

Le référendum constitutionnel pourra-t-il se tenir, en violation de l’alinéa 3 de l’article 118, de la Constitution toujours en vigueur, qui dispose qu’«Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire», un obstacle auquel s’était heurté le régime défunt ?

À l’heure actuelle, à moins d’un miracle avant octobre prochain, la souveraineté de l’Etat est loin d’être totale sur l’ensemble du Mali. Depuis son irruption à la tête du pays, la junte de Kati n’a jamais réussi à restaurer la moindre sécurité sur l’ensemble du territoire national ; bien au contraire, sous le régime militaire actuel, la situation sécuritaire s’est plutôt considérablement dégradée.

Un chronogramme concocté sous la pression, davantage pour donner des gages, constitue l’assurance d’une élection bâclée. Le remède sera pire que le mal. À moins que l’agenda, voire la dévolution du pouvoir, n’ait déjà été actée par la junte !

  Mohamed Ag Aliou

SourceNouvelle Libération

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