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Marechal Idriss deby Itno : Une mort à conséquences multiples

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Le président tchadien Idriss Déby lors d'une conférence sur la crise des migrants, à Paris, le 28 août 2017.

Le 23 avril 2021, sous un soleil de plomb dans le Sahel, une partie de la communauté Internationale, avec la France en tête, s’est invitée à Ndjaména (Tchad) pour rendre un dernier hommage à Idriss Déby Itno. Sauf que le départ brusque du Maréchal du Tchad laisse planer sur la zone Sahélo-Saharienne des nuages d’incertitudes.

 

Le 20 avril 2021, c’est  pratiquement abasourdi, en tout cas pour ce qui nous concerne du côté du Mali, que nous avons appris la mort tragique de Idriss Déby Itno, Maréchal du Tchad. Selon l’armée tchadienne qui a porté cette information à la connaissance du grand public, «  Le président de la république, chef de l’Etat, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno, vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille. C’est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal du Tchad ».

Comme à son arrivée à la tête du Tchad, Idriss Déby Itno a choisi de partir en guerrier. Sauf que pour bon nombre de pays Sahélo-sahariens et d’Afrique du Centre, ce départ sonne comme une symphonie inachevée. Tant le chantier de la pacification d’une bonne partie du continent africain, exposée à la menace terroriste, n’est qu’à son début. Et, du coup, le départ brutal et des moins attendus de Idriss Déby Itno, aura des conséquences multiples.

Mieux que quiconque, et mieux que tous les Chefs d’Etat du continent africain, le président tchadien avait compris que « pour vivre en paix, il faut préparer la guerre ». Et, en stratège militaire, doublé d’un visionnaire, au moment où bon nombre de ses pairs se faisaient l’écho de la théorie « des armées de développement », Idriss Déby Itno a fait le choix clair de doter son pays d’une véritable armée à la hauteur des enjeux et des défis du moment. Il avait compris que les milliards investis dans le développement les infrastructures de base pour garantir les services sociaux de base aux populations, ont besoin d’être sécurisés par une armée digne de nom.

Par le fait de cette option courageuse, mais très réaliste, la communauté internationale n’a eu le choix que d’assister avec beaucoup de plaisir, la transformation d’un chef de guerre, en gendarme d’une bonne partie du continent africain, à la faveur de la chute du Colonel Mahamar Khaddafi. Et, sûrement, c’est cette option qui lui a permis d’avoir une longévité à la tête du Tchad (30 ans), au moment où certains de ses 8 prédécesseurs ont eu à affaire à peine quelques mois.

 Que Dieu nous préserve de la danse des souris

Et, comme « quand le chat n’est plus, les souris pourraient commencer leur banquet », il y a fort à craindre que ce départ brusque de Idriss Déby Itno, ne soit l’occasion d’un embrasement général du Tchad et ne soit mis à profit par les terroristes de prendre du poil de la bête dans la bande sahélo-saharienne et dans la zone du lac Tchad.

Pour le seul Mali, ce sont,  pas moins de 3200 soldats tchadiens qui sont mobilisés pour la lutte contre le djihadisme. Et, cela s’était fait sous le leadership et la grande conscience panafricaniste d’un certain Idriss Déby Itno, qui n’est plus. Personne au Mali, ne pourra oublier l’engagement du Président Tchadien pour la paix et la sécurité.

En plus d’avoir occupé toute la place qui est la sienne dans le discours diplomatique lors des grands forums, Idriss Déby Itno et ses soldats ont été de toutes les batailles au Mali depuis 2012. Et, souvent, sans l’armée malienne. Vous vous souvenez de la bataille de la vallée de l’Ametettaï, qui pourrait être le premier fait d’arme de l’armée tchadienne au Mali.

Et, récemment, la décision de Idriss Déby Itno d’envoyer un détachement de 1200 soldats dans la zone des trois frontières, était de nature à changer le cour de la guerre contre le terrorisme au Mali. En si peu de temps, les résultats étaient perceptibles. Mais, hélas, l’architecte de cet engagement tchadien au Mali n’est plus. Et, signe de temps. Avant que le Maréchal du Tchad ne soit mis en terre, il nous revient que les 1200 soldats, à peine installés au Mali, doivent rebrousser chemin. La case familiale étant menacée.

Et, au pire des cas. Si les rebelles tchadiens devaient continuer leur progression fulgurante sur Ndjaména, faut s’attendre au retrait du reste des 2400 soldats tchadiens engagés au Mali.

Espérons que la France pour une fois joigne l’acte à la parole. Le 23 avril 2021, le Président Emmanuel Macron a été on ne peut être plus clair. « La France ne laissera personne menacer la stabilité et l’intégrité du Tchad », a déclaré Emmanuel Macron. En français, il vient de lancer publiquement la trêve de la rébellion tchadienne.

La France n’a pas le choix. Pour continuer de bénéficier de l’apport inestimable de l’armée tchadienne dans la lutte contre le terrorisme dans la bande Sahélo-Saharienne, la France doit tout mettre en œuvre (diplomatiquement ou militairement) pour une stabilité du Tchad.

Si Ndjamena devait tomber dans le contexte actuel de la menace terroriste qui plane sur l’Afrique de l’ouest et l’Afrique du centre, le continent africain se trouverait dans une insécurité humaine exceptionnelle, à mettre en cause tous les efforts de développement pour tirer les indices vers le haut.

Assane Koné

SourceArc en Ciel

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