Quelque 130 migrants marocains sont arrivés à la nage, dimanche 25 avril, depuis les côtes de Castillejos jusqu’à la ville autonome espagnole de Ceuta. On n’avait jamais vu une telle quantité de personnes en situation irrégulière arriver de cette manière en Espagne. Certains y voient le signe d’un relâchement des autorités marocaines en matière de lutte contre l’immigration clandestine.
Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
Ce qu’il s’est produit dans le cadre de l’immigration clandestine est singulier. D’ordinaire, il arrive que des migrants tentent leur chance à la nage depuis le littoral marocain jusqu’à l’enclave espagnole de Ceuta, tout en sachant qu’ensuite, en cas de succès, ils pourront rejoindre le continent. Mais ce qui n’était jamais arrivé, c’est l’arrivée massive de nageurs cherchant à migrer par ce biais.
La traversée s’est réalisée sur plusieurs centaines de mètres. Certains ont dû rebrousser chemin, les plus forts ont pu parvenir sur la plage de Tarajal à Ceuta, mais la majorité ont été repêchés par la garde civile espagnole et les équipes de sauvetage maritime. Trois personnes ont été hospitalisées à Ceuta.
Selon plusieurs médias espagnols, les forces de l’ordre marocaines n’ont rien fait pour empêcher le départ de ces nageurs improvisés, très jeunes pour l’essentiel. Le motif de cette inaction serait à chercher derrière l’actuelle colère de Rabat, qui digère mal que Madrid ait accueilli sur son territoire Brahim Ghali, leader sahraoui du Front Polisario de 72 ans, hospitalisé ces jours-ci à Logroño, en Espagne, pour Covid-19 et cancer.
Le Maroc refuse de négocier avec le front Polisario qui réclame la souveraineté sur le Sahara occidental, sous contrôle marocain depuis 1976.
RFI