L’activisme diplomatique du Qatar en faveur des islamistes est à visage découvert. Bailleur de fonds et fauteur de troubles, son implication dans le financement des mouvements armés, surtout au Mali n’est plus à démontrer.
Avec une superficie de 11.437 km2 et une population de 1,76 million d’habitants avec à l’appui, un PIB (Produit intérieur brut) de102 700 dollars par habitant (2ème rang mondial), le Qatar, puisque c’est de ce pays qu’il s’agit, est une puissance économique du fait de ses réserves de gaz (3ème rang mondial).
Aujourd’hui, ce minuscule Etat est devenu incontournable avec sa diplomatie du chéquier. Très actifs à l’international, les dirigeants qataris investissent à tout vent dans les clubs de football, le rachat des palaces parisiens et méditerranéens, Doha, la capitale, est un passage obligé dans les affaires et dans la résolution des conflits pour des raisons financières.
Ainsi, l’émirat a été le premier pays arabe à reconnaître le Conseil national de transition (CNT) en Libye et a participé aux opérations militaires de l’OTAN. Allié aux puissances occidentales, le Qatar s’est taillé un bouclier pour se protéger d’une éventuelle agression de ses deux puissants voisins : l’Arabie Saoudite et l’Iran.
En plus de sa générosité et de ses investissements qui permettent de booster les économies locales, le régime qatari joue un jeu trouble dans les régions infestées par les terroristes, et c’est là que le bât blesse. Son rôle dans le financement de l’État islamique et des djihadistes est de plus en plus dénoncé. Sous le prétexte d’envoi d’aides et de vivres, comme c’est le cas au Mali dans le centre et le nord, précisément à Mopti, à Gao et à Tombouctou, les Qataris apportent un soutien logistique et financier aux mouvements armés qui terrorisent les populations.
L’émirat, à n’en pas douter, veut profiter de son hégémonie et de ses soutiens pour répandre son idéologie dans les Etats fragiles. C’est d’ailleurs ce que le magazine « les Afriques » a mis à nu dans une de ses éditions. Une révélation selon laquelle l’émir du Qatar ne jure que par déstabiliser les pays africains, surtout le Mali, où il souhaite dans le centre ou le nord la création d’un Etat des djihadistes.
Le Qatar, bailleur de fonds et fauteur de trouble
Depuis le début de la crise malienne, l’émir du Qatar a livré une aide financière aux mouvements armés qui ont pris le contrôle du Nord du Mali. Et parmi ces groupes qui ont reçu les dollars qataris figurent le fameux Mouvement pour l’Unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui a libéré par la suite les 7 otages diplomates algériens détenus.
Selon des informations de la Direction du Renseignement Militaire (DRM) de la France, les insurgés du MNLA (indépendantistes et laïcs), les mouvements Ansar Dine, Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) et le Mujao (Mouvement pour l’Unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest) ont reçu une aide en dollars du Qatar.
S’il n’y a pas d’indications sur les montants versés par les « généreux » qataris, cependant il faut préciser que les autorités françaises sont informées des agissements des dirigeants de l’émirat dans la partie Nord et du centre du Mali qui partage 1300 km de frontières avec l’Algérie.
Désormais, il est établi que les émirs du Qatar financent des mouvements islamistes armés qui sèment la terreur au Mali, en Algérie et dans le Sahel ; et plus grave encore, retiennent des otages et applique la charia dans les régions nord et centre du Mali. Après les millions d’euros du Qatar au Mujao, Ansar Dine, GSIM et bien d’autres groupes armés au Mali, l’émir a des visées sur les richesses des sous-sols du Sahel. Des négociations discrètes auraient déjà débuté avec Total, le géant pétrolier français, pour une exploitation prochaine du pétrole de la région à l’avenir.
La France n’ignore aucune des mauvaises nouvelles arrivées de l’Afrique subsaharienne. Mieux, elle est au parfum de l’implication de « son ami du Qatar », dans la « capture » au Mali par plusieurs mouvements djihadistes.
Déjà, au début de l’année 2012, plusieurs notes de la Sécurité d’Etat français ont alerté l’Elysée sur les activités internationales, de l’émirat du Qatar. Mais le président Sarkozy n’y a pas donné suite pour ne pas incommoder son « ami » le Cheikh Hamad ben Kalifa Al-Thani.
Aussi, les notes secrètes des officiers français de la DRM (Direction du Renseignement Militaire), révèlent que « la générosité du Qatar est sans pareille et qu’il ne s’est pas contenté d’aider financièrement, et parfois qu’il a livré des armes aux révolutionnaires de Tunisie, d’Egypte et de la Libye.
Les soutiens aux islamistes dans les régions du Sahara, ont jeté le froid sur les relations entre l’Algérie et le Qatar qui désormais ne sont plus au beau fixe. En effet, depuis l’alignement sans réserve de ce petit émirat sur le va-t-en guerre des alliés de l’OTAN en Libye, l’Algérie a sensiblement pris ses distances. Ces « coups fourrés » éventés renseignent un peu plus sur les noirs desseins de cet émirat. L’intervention militaire de l’OTAN en Libye a été opérée dans le cadre d’un plan mondial concocté par Wall Street dans le dessein de détruire les « Etats-Nations » qui s’opposent à la globalisation économique.
Aujourd’hui, la suite de l’épisode libyen se déroule au Mali, au Niger et au Burkina-Faso (la zone des trois frontières ou le triangle de la mort). La rébellion touareg et les groupes armés au Mali est l’œuvre des groupes d’intérêts israélo-américains qui visent à faire main basse sur les richesses de la région du Sahel et le complot a été mis en œuvre lors de l’intervention militaire de l’OTAN en Libye. En effet, l’intervention de l’OTAN est tout simplement une « guerre new coloniale », qui a permis à des groupes armés activant dans le Sahel de s’organiser et de renforcer leurs capacités militaires afin d’aboutir au morcellement des Etats de la région. Le complot israélo-américain est mené avec le concours des riches monarchies du Golfe, à savoir l’Arabie Saoudite et le Qatar, qui assurent les financements nécessaires au redéploiement des groupes terroristes Aqmi, GSIM et Ansar-Din. Iyad Ag Ghali, le chef d’Ansar al Din, a été formé à Djeddah, en Arabie saoudite. Les groupes d’intérêts de Wall Street, cherchent à promouvoir des démocraties « corrompues », quitte à pactiser avec les islamistes. Les enjeux sont « terribles », compte tenu des immenses gisements d’uranium et de pétrole non encore exploités, et dont regorge la région du Sahel.
Face à la situation dans le monde arabe, les mouvements appelés communément « printemps arabes » ont « tout changé pour ne rien changer ». Les dictatures de Ben Ali, de Moubarek et de Kadhafi n’étaient plus en mesure de servir les intérêts de ces groupes d’intérêts, si bien que la Maison blanche a préféré les lâcher et de les remplacer par des régimes plus adaptées avec les mutations sociales que connaissent les pays de la région. La guerre en Syrie répond à cet objectif de « détruire tous les Etats-nation » de la région MENA et du Sahel qui s’opposent à la globalisation économique. Et le Mali qui est un pays qui dépend des institutions de Breton-Wood fait, aujourd’hui, les frais de cette situation.
Youssouf Konaré
Source: Le Nouveau Réveil