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La France essaie d’accroître ses pressions contre des personnalités libanaises

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Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé jeudi lors d’une visite à Malte que la France a commencé à mettre en œuvre des mesures contre des personnalités libanaises impliquées dans le blocage politique au Liban, sans gouvernement depuis près de neuf mois.

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

La mesure planait dans l’air depuis quelques semaines. Le ministre français des Affaires étrangères l’a officialisée ce jeudi soir : Paris a décidé de mettre en place des sanctions visant des dirigeants libanais qu’elle accuse de bloquer la formation d’un gouvernement ou d’être impliquées dans des affaires de corruption. La France dit mettre en place « des mesures restrictives d’accès à son territoire ».

Mais la nature de ces mesures n’est pas précisée, ni le nombre de personnes visées. Paris n’a pas non plus réussi à obtenir le soutien des autres pays européens dans la mise en place de ces sanctions.

Tardive, insuffisante, inefficace, floue : c’est donc en ces termes que les médias libanais ont commenté l’annonce par Jean-Yves Le Drian. Scepticisme aussi du côté des internautes qui ont commenté l’annonce du chef de la diplomatie française. La chaine de télévision NTV croit savoir qu’aucune liste de noms des personnes frappées par les mesures restrictives en matière d’accès au territoire français n’a été communiquée aux autorités libanaises. Ce qui fait dire à la chaine indépendante que certaines personnalités pourraient être surprises de se voir refuser un visa d’entrée sur l’Hexagone.

« Crocodiles insensibles »

Les responsables politiques, principaux concernés par les sanctions françaises, ont gardé le silence. Jean-Yves Le Drian a déclaré que la France se réservait la possibilité de prendre des mesures supplémentaires à l’encontre de tous ceux qui entravent la sortie de crise, sans en préciser la nature.

Au final, ces mesures risquent d’être trop légères pour véritablement compter, juge Joseph Bahout, directeur de recherche à l’université américaine de Beyrouth. « Finalement, la France, malgré tout son entregent au Liban, reste la France. C’est-à-dire qu’elle n’est pas non plus les États-Unis, les pays du Golfe et d’autres. Somme toute, pour une classe politique libanaise qui est composée de crocodiles extrêmement insensibles à beaucoup de choses, qu’on les prive d’un visa ou qu’il y ait de petites mesurettes ici ou là ne leur fait pas très peur. Ce qui leur fait vraiment peur, et c’est ce que la France aujourd’hui ne peut peut-être pas faire légalement, c’est saisir ou geler des avoirs à Paris – et la classe politique libanaise en a. C’est aussi peut-être mettre sous scellés des biens mal acquis mais ça nécessite des mesures juridiques extrêmement longues, des preuves juridiques à apporter. Nous sommes pour l’instant dans un jeu de gesticulation avec une classe politique qui est d’un cynisme absolu, qui en a vu d’autres, et qui est capable encore de laisser passer beaucoup de choses avant de se mettre au travail. »

Des responsables politiques de premiers plans, dont Gebran Bassil, le gendre du président Michel Aoun et chef du plus important bloc parlementaire chrétien, ainsi que plusieurs ministres, sont déjà frappées par des sanctions américaines pour corruption. Prises il y a plusieurs mois, ces mesures n’en ont pas pour autant facilité le déblocage politique.

RFI

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