Entre ronchonneriez d’une partie du Bureau politique national, gestion des 36 chandelles consécutive au coup de force contre le Président Ibrahim Boubacar KEITA, et démission de grosses pointures, l’ancien Parti présidentiel, le Rassemblement Pour le Mali (RPM), est en proie à une violente turbulence qui augure d’une descente aux enfers.
Le coup retentissant subi par le RPM, c’est bien sûr la démission de l’ancien ministre de l’Equipement et des transports, Moulaye Hamed dit Baba Moulaye. Dans une lettre adressée au Bureau Politique National du RPM, il annonce sa démission du Parti du Tisserand. Dans sa correspondance, le désormais ancien secrétaire général du RPM de Tombouctou n’avance pas de motif de sa démission. La seule chose que l’on retient : c’est personnel.
« J’ai l’honneur de venir par la présente vous présenter ma démission du RPM pour des raisons personnelles. A cet effet, je me soumets à toutes les conséquences de droit », écrit-il dans sa lettre de démission de l’ex Parti présidentiel.
Comme c’est le cas de tous les démissionnaires qui ont un tant soit peu le sens de la hauteur par rapport aux événements, il n’affiche aucune animadversion envers ses anciens camarades politiques, assurant même que c’est en parfaite intelligence avec sa base qu’il a pris cette grave décision.
Baba Moulaye n’a certes pas été reconduit à la tête de la section RPM de Tombouctou, il n’en demeure pas moins qu’il était une grosse pointure qui Parti à qui il a beaucoup donné et en a reçu autant.
Selon des informations concordantes, la démission de ce cadre du Parti du Tisserand est tout sauf impromptue. Depuis quelque temps, en effet, il est donné proche d’un candidat déclaré à l’élection du Président de la République qui, lui, est une génération spontanée en politique.
S’agit-il alors de porter tout haut, ce qui n’était plus qu’un secret de polichinelle ?
A la décharge du responsable Tisserand démissionnaire, il n’a connaissance d’aucune déclaration de candidature à la prochaine élection présidentielle.
Plutôt, dans la perspective de la présidentielle de 2022, l’ancien PM Abdoulaye Idrissa MAIGA (AIM) a procédé, le samedi 20 mars 2021, au lancement d’une Plateforme politique dénommée ’’Un Mali d’avenir’’ qui a aussitôt débouché sur la création d’un parti politique, à savoir : la Convention pour la République (CR).
Ancien ministre de l’Environnement, de l’Administration territoriale et de la décentralisation, ancien ministre de la Défense et des ancien combattant, enfin ancien Premier ministre, AIM a occupé le poste de vice-président au sein de l’ancien Parti présidentiel. A Gao, il compte dans l’establishment politique.
Avant de quitter le Rassemblement Pour le Mali, des informations persistantes le donnaient pour rouler pour un autre candidat à l’élection présidentielle de 2018, alors le Président sortant, le père fondateur de son Parti d’alors, était en lice pour rempiler pour un second et dernier mandat écourté par le coup d’Etat militaire du 18 août 2020.
Etait-ce le début de la chronique d’un départ annoncé ?
Une certitude : les combats d’arrière-garde au sein de formation politique ne datent pas d’aujourd’hui.
Qu’on l’accepte ou non, le constat est d’évidence que le Rassemblement Pour le Mali connaît une saignée importante qui perturbera sérieusement le métier à tisser, surtout dans la perspective de l’élection présidentielle.
Mais, il faut aussi dire que l’hémorragie a commencé depuis les manifestations du M5-RFP qui ont enregistré l’adhésion des personnalités du Parti au pouvoir dont le père fondateur était sous la sentence d’un dégagisme.
Lâché par les barons, le Parti du Tisserand n’a jamais paru aussi affaibli, augurant une descente aux enfers.
L’onde de choc provoquée par les démissions est en train de bouleverser l’ordre ambiant.
Faut-il crier à la rhétorique périlleuse ?
Le RPM porte dans ses entrailles une autre crise larvée de leadership, à en croire des sources bien informées. Le Tisserand en chef, qui évolue sur tous les tableaux, est loin de faire l’unanimité. Pis, il y a comme un sentiment diffus d’hostilité à son égard.
En toile de fond, cette question : sera-t-il ou se prend-il pour le candidat naturel du Parti ?
A l’heure de trancher cette question, les positions clivantes des membres du BEN, qui porte encore des conditions rocambolesques de l’élection du Président de l’Assemblée nationale, en 2020, pourraient étaler au grand jour la fragilité de ce Parti dont la veulerie a été, maintes fois, dénoncée par le l’ancien Président Ibrahim Boubacar KEITA.
« Je ne vous sens pas », a-t-il reproché à ces anciens camarades, quand il s’est retrouvé sous les feux roulants de l’opposition sur différents sujets.
Enfin, l’on ne saurait mettre entre parenthèses que, pour de nombreux grimpions politiques, le dégommage du régime IBK donne très peu de perspective alimentaire au sein du Rassemblement Pour le Mali.
Après le coup de massue, la logique des prébendiers impose de migrer vers les prairies verdoyantes où coulent l’eau et le miel.
Voilà où en est l’ancien Parti présidentiel, dont le plus grand challenge est de survivre à son fondateur et de tenir la dragée haute à ceux qui étaient censé évoluer dans la même galaxie que lui.
Y parviendra-t-il sous les oripeaux d’une déchéance programmée?
PAR BERTIN DAKOUO
Source: Info-Matin