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La bataille des Palestiniens contre un vocabulaire problématique

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La bande de Gaza a été le théâtre de heurts meurtriers lundi 14 mai 2018. © REUTERS/Mohammed Salem

Dans le conflit qui secoue aujourd’hui Israël et les Territoires palestiniens, il n’y a pas que la guerre sur le terrain, celle qui se déroule à Gaza, à Jérusalem, à Sheikh Jarrah ou sur l’esplanade des Mosquées. Pour les Palestiniens, il existe aussi une guerre sémantique, celle d’un vocabulaire utilisé, selon eux, à mauvais escient.

De notre correspondante à Ramallah,

Quand on parle de leur cause, les Palestiniens portent une attention particulière à une chose : le langage utilisé. C’est ce que pointent de nombreux activistes palestiniens, notamment le vocabulaire utilisé par les hommes politiques ou par les médias traditionnels pour présenter ce qui se passe en ce moment, en Israël et en Palestine.

Sur les réseaux sociaux, des voix se sont élevées pour mener cette bataille du langage. Il y a des exemples évidents comme l’utilisation du mot « terroriste » à tout va. Il est utilisé chez les hommes politiques et les médias israéliens pour parler des Palestiniens qu’ils tuent aux check-points, évoquant « un terroriste qui a été neutralisé ». Et évidemment, c’est un mot connoté, politique, et surtout très problématique.

Mais il y a aussi des mots moins évidents, qui ne passent pas en Palestine. Ainsi, le terme « conflit », selon des activistes, embellit un processus de colonisation permanent et le résume – maladroitement – en un mot.

Il y a aussi le terme « affrontements », que l’on voyait dans tous les médias internationaux depuis le début des violences, que l’on traduit par « clashes » en anglais. Ce terme, qui signifie que deux parties s’opposent, ne passe pas non plus. Car pour les Palestiniens, l’utiliser indique un degré d’égalité des forces, ce qui n’était absolument pas le cas quand tout a commencé. Ce vendredi de Ramadan, au moment où la police israélienne a débarqué sur l’esplanade des Mosquées en lançant des grenades et du gaz lacrymogène sur les fidèles, parmi ces derniers, certains ont jeté de pierres et des bouteilles. Mais la police était surarmée et surprotégée.

« Citoyens palestiniens d’Israël » ou « Palestiniens ayant la nationalité israélienne »

Autre expression qui ne passe pas : « Arabes israéliens ». Elle est utilisée à tout va, car elle est, entre autres, plus simple à prononcer ou à écrire. Mais là encore, ce terme est un élément du discours israélien. Car tous ces fameux « Arabes israéliens » ne sont autre que des Palestiniens.

Il faut y préférer le terme « citoyens palestiniens d’Israël » ou encore « Palestiniens ayant la nationalité israélienne ». Car le terme arabe est d’abord chargé de connotations. Même s’il existe bien des différences en matière de droits et de conditions de vie, ces derniers se définissent avant tout comme des Palestiniens.

De leur point de vue, c’est leur identité, leur culture, leur histoire. Privilégier le terme « arabe », c’est pour eux laisser entendre que cette identité palestinienne n’existe pas. Et on l’a vu ces derniers jours, la question de dépasser les frontières, rassembler les Palestiniens de chaque territoire n’a jamais été autant sur le devant de la scène, au moment où la colère des Palestiniens de Jérusalem, de Gaza, de Cisjordanie occupée, de ceux qui vivent dans les frontières israéliennes, et celle des Palestiniens du Liban ou de Jordanie se sont rassemblées. C’est bien la preuve, à leurs yeux, qu’ils ont la même identité.

RFI

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