Un sommet consacré aux solutions à mettre en œuvre pour résoudre les difficultés financières des pays africains se tient aujourd’hui à Paris. Le président Macron propose un « new deal » au continent. À cause de la pandémie, son endettement s’est envolé.
Jusqu’à maintenant la santé des Africains a été relativement épargnée, il y a peu de victimes de la pandémie à déplorer, en revanche l’économie du continent a été laminé par les mesures de confinement. L’Afrique, habituée à des taux de croissance élevés, est tombé en récession en 2020 et elle sera sans doute la dernière région à se remettre de cette épreuve. Les économistes du FMI estiment qu’il faudra environ cinq ans pour que le revenu par habitant retrouve son niveau d’avant la pandémie alors que l’occident compte y parvenir d’ici à la fin de l’année. Pour faire face à ce choc, les États ont dû dépenser plus alors que la collecte de l’impôt fondait à cause de la baisse de l’activité. Résultat, leur endettement s’est envolé.
En moyenne pour l’Afrique subsaharienne la dette avoisine les 60% du PIB pour l’année 2020
Ce ratio de 60% est défini comme vertueux dans la zone euro, mais comme limite maximum en Afrique d’après le FMI ; il est beaucoup plus difficile à supporter dans les économies fragiles où les ressources fiscales sont faibles. Il faut bien comprendre que c’est une moyenne pour certains États comme l’Angola l’endettement est à 130% du PIB. En un an le niveau de l’endettement est monté de 6 points en Afrique subsaharienne, c’est un coup de massue pour les finances publiques. Les États sont contraints de dédier une part grandissante de leurs ressources au service de la dette, alors que l’urgence est ailleurs. Il faudrait venir en aide aux dizaines de millions de chômeurs, et bien sûr acheter les vaccins. Mais les sérums sont rares et hors de prix pour ces pays à faible revenu -38 pays d’Afrique sub-saharienne dépendent de l’alliance Covax pour leur approvisionnement.
La Zambie a déjà entamé des démarches pour restructurer ses dettes parce qu’il ne pouvait plus faire face aux échéances
La Zambie, très dépendante du financement chinois. Le Tchad et l’Éthiopie ont voulu anticiper un éventuel défaut et ont commencé à discuter rééchelonnement avec leurs créanciers. Selon le FMI 17 pays sont aujourd’hui dans une situation délicate. Avec le moratoire mis en place par le G20 plusieurs pays gagnent du temps, mais ils ne sont pas sortis de la zone de risque pour autant. Parce que la pandémie est loin d’être surmontée. Et parce que la dette pèsera de plus en plus lourd quand la croissance se contracte. D’après les calculs de la Banque Africaine de Développement, le niveau d’endettement pourrait bondir à 70% dans les prochaines années.
Est-on à la veille en Afrique d’une nouvelle crise du surendettement ?
Il n’y a pas de fatalité de la dette. C’est vrai que l’Afrique a été profondément meurtrie dans les années 80 puis dans les années 2000 par un endettement excessif. En partie pour des raisons de gouvernance. Surtout à cause de chocs externes et des conditions d’emprunt désavantageuses qui lui sont imposées. Mais il y a aussi des pays qui maitrisent leurs finances publiques, même si le prix à payer est encore trop élevé. Changer cette maldonne est l’un des objectifs du sommet organisé aujourd’hui à Paris. Changer la donne dans le financement public et privé de l’économie. Sans cette révolution-là, l’écart va encore se creuser entre l’Afrique et le reste du monde.
RFI