Le président français, Emmanuel Macron, était à Kigali où il a prononcé un discours au mémorial de Gisozi, jeudi 27 mai. Il y a reconnu des responsabilités, mais pas de complicité de la France dans le génocide. Un discours très bien accueilli par son homologue rwandais. Outre les questions mémorielles, les deux chefs d’État ont parlé du futur de leur coopération, car le rapprochement se veut à la fois diplomatique et économique.
Dans l’entourage du président français, on espérait que cette visite marque l’étape finale de la normalisation des relations entre les deux pays. À l’issue de ce déplacement, l’optimisme peut être de mise côté français, car le discours d’Emmanuel Macron a été très bien accueilli par les autorités rwandaises, rapporte notre envoyé spécial Pierre Firtion.
Le fait que le président français reconnaisse la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis a largement satisfait Paul Kagame. « Ses paroles avaient plus de valeur que des excuses, elles étaient la vérité », a commenté le président rwandais qui a également tenu à saluer « le courage immense » de son « ami » Emmanuel Macron.
La nomination d’un ambassadeur français à Kigali
Concrètement, ce début de normalisation va se traduire, dans les prochaines semaines, par la nomination d’un ambassadeur sur place, car Paris n’en avait plus depuis 2015 ; le réengagement de l’AFD, l’Agence française de développement va, lui, s’accélérer alors que des partenariats économiques devaient être noués.
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Comme au cours de ces deux dernières années, l’AFD a accompagné le rapprochement franco-rwandais. Plus de 120 millions d’euros ont été engagés depuis le retour de l’Agence au Rwanda en 2019 et encore trois accords de plus ont été signés lors de cette visite d’Emmanuel Macron. Le président français a parlé d’un grand volet économique dans la coopération à venir entre les deux pays, évoquant une aide au développement portée à des niveaux inédits, détaille notre correspondante à Kigali, Laure Broulard.
Des grandes entreprises françaises s’installent dans le pays
En parallèle, de grandes entreprises françaises se sont implantées à Kigali depuis deux ans. Vivendi y a ouvert une grande salle de cinéma, un premier investissement de 40 millions d’euros pour le géant français des médias en Afrique de l’Est, tandis que Canal Box, filiale du Groupe Vivendi Africa a commencé à y proposer de l’internet à haut débit.
La BPI a, de son côté, signé l’année dernière un mémorandum d’entente avec Rwanda Finance Limited, une entreprise entièrement détenue par le gouvernement rwandais, qui a pour but de faire du pays un centre financier international. Kigali, qui mise depuis le début des années 2000 sur les services comme levier de développement, souhaite en effet devenir une porte d’entrée du continent africain pour les investisseurs internationaux.
Dernière illustration de cette normalisation en cours des relations franco-rwandaises : un centre culturel francophone a récemment ouvert ses portes à Kigali. Il a été inauguré, jeudi 27 mai, par Emmanuel Macron.