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La junte rattrapée par ses erreurs et choix politiques

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Dans le bras de fer qui se joue actuellement et qui ne dit pas son nom, les militaires de l’ex-CNSP jouent gros face au Président de Transition et le Premier ministre. C’est une recomposition des rapports de force qui se dessine au sommet.

Si ces derniers l’emportent, les militaires n’auront plus la même influence qu’ils ont eue jusque-là. Les ex-putschistes ne font que payer les erreurs commises dans leurs choix dès le départ.

1- Les choix de Ba NDAW et Ouane

En choisissant Ba NDAW et Ouane, les militaires pensaient pouvoir manipuler facilement à leur guise ces deux qui leur devaient tout. C’était une décision pas très très réfléchie.

Même s’il n’a pas été un grand politique, Bah Ndaw a quand même été l’aide de camp du président Moussa Traoré pendant des années et ce dernier avait d’intenses activités diplomatiques et politiques. Un aide de camp de président, ça retient forcément beaucoup de choses surtout étant dans les confidences de la gestion de l’Etat.

Il est également clair aujourd’hui que l’ancien retraité, Ba Ndaw, n’a plus rien à perdre et malchanceux est celui qui affronte un homme qui n’a aucun avenir à défendre et  qui n’a rien à perdre à part son nom.

D’un caractère intransigeant, Ba Ndaw n’a pas lâché du lest face à l’ex-puissant GMT et à son épouse, il ne voudra surtout pas sortir par les portes de l’histoire comme étant celui qui a cédé face à ses fistons. Ils ont du pain sur la planche…

En politique, on choisit des personnes qu’on peut tenir en main : soit en les créant politiquement soit en ayant des moyens de rétorsions (dossier de corruption ou autre) et tel n’est pas le cas avec Moctar Ouane.

Bien que timide et fuyant les hostilités, le Premier ministre n’est pas aussi chétif qu’il paraît. Sous sa fine silhouette se cache un diplomate chevronné capable de tromper par les apparences. Il n’est certes pas un va-t-en-guerre mais c’est un homme qui a du répondant de par ses réseaux à l’international. Il est l’inverse de Cheick Modibo Diarra qui lui est imposant physiquement mais sans grand soutien derrière. Les apparences sont trompeuses. Le duo Ndaw-Ouane est tout le contraire de Dioncounda-CMD…

2- Isolés et sans soutien politique interne

L’une des erreurs capitales des militaires a été leur isolement politique : ils n’ont pas su se reposer sur des soutiens solides. En écartant le M5 qui aurait pu leur servir d’atout, les militaires amenuisent sans le savoir leurs forces en cas d’un bras de fer…

Ils se sont entièrement reposés sur des politiques de quatrième niveau tels que les Djim, les Sarr, les Fomba qui n’ont aucune assise politique. Les populistes anti-français qu’ils ont amadoués par des postes au CNT sont des doubles-tranchants qui n’hésitent pas à en découdre avec eux.

Comme conseillers politiques, les militaires s’étaient rabattus sur certains professeurs d’université sans aucune expérience politique nationale et qui ont du mal à apprivoiser le difficile marigot politique malien. Dispenser des cours de droit dans un amphithéâtre avec des étudiants impressionnés n’a rien à voir avec le mettre en œuvre en face des politiques sevrés…

La militarisation de l’administration et les lenteurs enregistrées dans la mise en œuvre des priorités de la transition ont joué contre la popularité des militaires auprès de l’opinion publique. Désormais rares sont les défenseurs publics des militaires au pouvoir…

Même les éphémères multiples associations de soutien à la transition ont changé en catimini de cap depuis quelques temps… une illustration parfaite d’un temple qui se vide ou d’un navire qui chavire…

J’oubliais, en espérant se reposer sur l’Imam Dicko, les militaires ont fait les mêmes erreurs qu’ATT et IBK… Dans l’actuelle bataille de la formation du gouvernement, les militaires pourront toujours contrer le prochain attelage devant le CNT. Le seul problème, c’est que ni la Charte, ni la Constitution n’oppose un délai pour la présentation de la politique générale du gouvernement devant le «parlement». Ça peut être dans un mois comme dans 9 mois. Ils peuvent aussi envisager une motion de censure…

M. ASSORY 

SourceLe Wagadu

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