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Edito : L’armée malienne bat le record de la sous-région en coups d’Etat

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Le premier coup d’arrêt à la marche en avant de la jeune République du Mali  a eu lieu le 19 novembre 1968 avec le Lieutenant Moussa Traoré. Vingt-trois ans après le peuple malien dans son écrasante majorité s’est soulevé pour dire non à la dictature militaire, la révolution qui s’en est suivie  a été sanglante, mais le 26 mars 1991, le peuple à l’unisson avec son armée est arrivé à bout du régime dictatorial du Lieutenant bombardé général Moussa Traoré. Après cette deuxième immixtion de l’armée dans l’arène politique, le Mali s’est engagé dans la voie de la démocratisation. Tout l’arsenal juridique avait été mis en place, à savoir une Constitution, avec ses lois y afférentes, pour non seulement bannir le coup d’Etat, mais aussi et surtout donner la parole au peuple pour qu’il devienne maître de son destin en choisissant les hommes et les femmes qui sont à mesure d’assurer son bien-être.

Dix-neuf ans après, alors qu’on pensait que l’armée était devenue républicaine et s’est repentie des bévues qu’elle a commises pendant les vingt-trois ans de dictature de Moussa Traoré, c’est un autre coup d’Etat, le plus ignoble de toute l’histoire de la République du Mali, qui a été perpétré un 22 mars 2012   par une autre junte militaire avec à sa tête le capitaine Amadou Haya Sanogo. Pour rappel, ce coup d’Etat a eu lieu à quelques petits mois de la fin du mandat d’Amadou Toumani Touré, ATT. Quel gâchis ! Ce coup d’Etat a mis  à l’eau 19 ans de construction démocratique et a semé les germes de l’insécurité et du séparatisme. Les conséquences immédiates de cet ignoble coup d’Etat ont été sans nul doute la désintégration du Mali, car le désordre à Bamako a donné des ailes aux narco-Djihado-séparatistes qui ont profité de la rupture de la chaine de commandement pour mettre sous leur coupe les trois régions du nord, à savoir Kidal, Gao, Tombouctou et une grande partie de Mopti. Il a fallu l’intervention des forces françaises, Serval, pour arrêter la fulgurante avancée des terroristes, vers Bamako, la capitale du Mali.

Avec l’aide de la communauté internationale, il y a eu le retour à l’ordre constitutionnel et un Président a été démocratiquement élu, en l’occurrence Ibrahim Boubacar Keita. Ce dernier se verra renversé à son tour le 18 Août 2020 par une autre junte militaire dirigée par le colonel Assimi Goita, pour incapacité et incompétence notoires à diriger le pays. Alors qu’on n’a pas encore fini de gérer les conséquences de ce coup de force, avec la mise en place des organes à la fois inclusifs et consensuels, nos colonels assoiffés du pouvoir se sont faits encore entendre en défiant toute la communauté internationale et en récupérant de la main gauche le pouvoir qu’ils ont donné de la main droite en arrêtant le Président et le premier ministre de la transition. Cinq coups d’Etat en 60 ans d’indépendance, voici le tristement célèbre tableau de l’armée malienne, qui a fait le choix de descendre et de rester pour toujours dans l’arène politique en reléguant au second plan sa mission régalienne.

Désormais, c’est dans cet imbroglio indescriptible que se trouve embourbé le Mali, faisant du pays de Soundiata Keita la risée du monde entier. Et pourtant, les enfants d’autres nations ont accepté de venir mourir pour que le Mali ne disparaisse pas.

Youssouf Sissoko 

SourceInf@sept

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