Près d’une dizaine de chefs d’Etat ouest-africains, ainsi que des délégations de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en plus de Goodluck Jonathan, ancien président nigérian et médiateur dans la crise malienne, ont pris part, hier dimanche à Accra, au sommet extraordinaire consacré au Mali. On y dénombre, outre le président du Ghana, pays d’accueil, les présidents Muhammadu Buhari du Nigéria, Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, le Burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, Faure Essozimna Gnassingbé du Togo ou encore Adama Barrow de la Gambie, Mohamed Bazoum du Niger, entre autres. Quant au représentant malien, le Colonel Assimi Goïta, il a assisté au sommet en tant que convive et pour être écouté en tant qu’acteur principal de la situation ayant présidé à la tenue du conclave. «Devant la gravité des faits» pour paraphraser le président en exercice de la Cedeao, Nana Akufo-Addo, à l’ouverture du sommet où il a également réaffirmé son engagement pour «une transition pacifique» et la stabilisation du Mali par un gouvernement démocratique.
Au bout de trois environ de débats houleux, les chefs de l’Etat probablement sous pression de le France – dont le président avait menacé de retirer ses troupes au Mali -, les chefs d’Etats ont opté pour une suspension du Mali de l’ensemble des institutions de la CEDEAO, au nom dit-on de la nécessité de faire respecter les principes d’accession au pouvoir par les voies démocratiques. Exit donc les sanctions et autres embargos tant redoutés par la population.
Toutefois, le sommet, quoique ne s’étant pas encombré de vaines remises en cause des prérogatives et attributs conférées au colonel-putschiste, a néanmoins insisté sur la désignation immédiate d’un Premier ministre civil ainsi que la formation d’un gouvernement inclusif avec pour mission de poursuivre le cours de la transition. Les chefs d’Etat ont affiché la même rigueur et intransigeance quant au respect du délai initial sur lesquels les autorités de la la Transition s’étaient engagées avec la même Cedeao.
La date des élections est ainsi maintenue au 27 février 2022 conformément au chronogramme électoral arrêté par l’ancien gouvernement et avec l’impossibilité pour le vice-président et le Premier ministre de la Transition de briguer la magistrature suprême. Pour ce faire, le sommet a décidé de la mise en place d’un mécanisme de veille et de suivi d’exécution de ses décisions, dans le cadre duquel le médiateur de la Cedeao pour la crise malienne, Goodluck Jonathan, est incessamment attendu à Bamako dans la semaine.
La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest manifeste ainsi son soutien au processus de la Transition dans le sens d’un retour diligent à l’orde républicain normal, tout en sollicitant l’implication de la communauté internationale, notamment l’ONU et l’UA et l’UE, pour aider les autorités maliennes à honorer leurs engagements de la transition.
Pour ce qui concerne le choix du vice-président Assimi Goita pour diriger la transition, les Chefs d’Etats de la Cedeao semblent s’accommoder comme les Maliens du fait accompli de sa désignation par la Cour constitutionnelle. Toutefois, la suspension du Mali des institutions de l’organisation sous-régionale pourrait les ravaler à une dimension lilliputienne de chef d’Etat privé des prérogatives de garant de la souveraineté internationale du pays. Pour combien de temps ? Le sommet des chefs d’Etat est muet sur la durée de la suspension infligée au Mali.
Amidou KEITA
Source: Le Témoin