“Avant beaucoup de gens me poussaient à m’engager. Je répondais que je n’étais pas prêt, que je devais digérer mon nouveau statut, ma nouvelle vie, ma nouvelle notoriété. C’était peut-être égoïste. Je pense qu’un grand sportif se doit d’être engagé. Et aujourd’hui je suis prêt”, dit le buteur du Paris Saint-Germain, âgé de 22 ans, à quelques jours du coup d’envoi de l’Euro (11 juin-11 juillet).
Interrogé sur l’assassinat en octobre du professeur Samuel Paty décapité par un islamiste russe tchétchène ou le passage à tabac par la police du producteur de musique noir Michel Zecler en novembre, Mbappé souligne avoir “toujours été contre la violence, et pour moi ne pas se positionner sur ce type d’évènements, avec le statut et le pouvoir que j’ai, je pense que c’est une faute (…) parce que ce sont des choses intolérables, il faut le dire”.
En novembre, l’attaquant avait dénoncé “une vidéo insoutenable” et “des violences inadmissibles” au sujet de l’affaire Zecler.
Deux semaines plus tard, il avait été au centre des discussions avec l’arbitre et le délégué de l’UEFA à la suite de l’incident raciste qui avait conduit au report du match de Ligue des champions Paris SG-Basaksehir Istanbul.
“On ne peut pas louer les mérites de notre pays, la culture de notre pays, et laisser passer ça. C’est incompatible. Je pense que c’était mon devoir de m’exprimer. Les plus grands joueurs commencent à le faire d’ailleurs”, poursuit Mbappé dans l’entretien à L’Obs, citant la star de Manchester United et de l’Angleterre Marcus Rashford.
Engagé au Royaume-Uni, notamment pour la collecte de nourriture, Rashford est “admirable”, salue Mbappé. “J’ai joué contre lui, je l’ai félicité”.
“Je connais le poids (…) de mes mots (…) de mes actes”, dit-il encore au sujet de son engagement.
“J’essaie de m’intéresser aux sujets de société, je n’ai pas envie d’être exclu (…) quand on est dans le sport, dans le foot, on est dans une bulle, mais des fois il faut percer cette bulle”, explique-t-il.
Mbappé se sent également très attaché à la France. “Bien sûr”, répond-il. “Je suis né en France, j’ai grandi en France, la France m’a tout donné. Et j’essaie de le lui rendre, chaque fois que je joue pour l’équipe nationale”.
Le champion du monde 2018 a “toujours été éduqué avec cette forme de reconnaissance pour la France”, se souvient-il, “parce que la France, elle fait des choses pour les gens, et à moi, ma famille, elle a beaucoup donné. Donc il faut être fier de son pays”.
Enfin, il assure que l’identité n’est pas une question pour lui. “Non, mais je peux comprendre qu’on me la pose. Pour moi ça a toujours été clair: je suis né en France, mes parents sont français, j’ai grandi en France. Je suis français à 100%“, insiste-t-il.
“Je suis extrêmement fier des mes origines, parce que ça fait partie de mon histoire, c’est mes racines. Mais moi, mon pays, c’est la France”, précise-t-il.
“Pour moi dire qu’on est noir, arabe, blanc, c’est mettre une barrière, et dans la nouvelle France, il n’y a pas de barrière, on est tous ensemble”, conclut Mbappé.
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