Lors de la cérémonie prestation de serment de celui qui a renversé deux Présidents et deux Premiers ministres en neuf mois au Mali, un fait non négligeable mais paraissant inopportun pour certains s’est passé dans la salle du palais des congrès de Bamako.
Le Colonel Assimi Goïta qui vient de prendre les rênes du pouvoir paraissait droit dans ses bottes. Et visiblement, comme on peut le constater dans son premier discours, tous les partenaires du Mali se valent. Ainsi à la différence de ses prédécesseurs, il n’a spécialement fait mention d’aucun pays ou entité partenaire du Mali dans la résolution de sa crise multidimensionnelle. Ce qui, pour un diplomate en poste à Bamako, « a fâché à Paris ».
A en croire cette source, la France qui se réclame d’avoir stoppé l’avancée jihadiste vers le sud en 2013 » à travers l’opération serval, puis Barkhane encore, se veut le partenaire privilégié de Bamako. Et que cette attitude des nouvelles autorités du pays tendant à « renier les acquis sous l’accompagnement de Paris », ne sont que de trop».
Il faut dire que Paris craint le risque de voir le Mali, à l’instar de la Centrafrique, basculer vers la Russie. La rumeur sur un tel scénario similaire à celui de Bangui, a longtemps fait le tour des villes du pays. Plus inquiétant, l’attitude d’Assimi Goïta que Paris a du mal à décrypter attise le climat de méfiance ayant débouché à la suspension de la coordination des opérations de l’Armée française sur place avec les forces armées régulières du Mali.
Si en Centrafrique, la France a gelé son aide budgétaire avec le pays, au Mali également, le même scénario n’est pas à exclure. Sauf qu’avec les militaires au pouvoir, la France aura du fil à retordre. Car, prévient une source proches des militaires au pouvoir: «Ils n’ont rien à perdre et ne comptent pas s’éterniser au pouvoir, à les en croire.»
Madick Niang
