« Il ne faut pas que l’on pense que la relecture de l’Accord d’Alger va être faite pour une simple partie et laisser les autres parties. Toutes les trois parties signataire de l’Accord ont des revendications qu’elles veulent mettre dans l’Accord. Il ne faut rouvrir l’Accord à une relecture. C’est une boite à pandore qu’il faut carrément éviter », ont alerté les membres de la CMA présents à Bamako lors d’une conférence de presse à la Maison de la Presse le dimanche dernier.
Ils étaient entre autres Attaye Ag Mohamed chef de la délégation, Med Almaouloud Ould Ramadan, porte parole, Sidi Ag Baye et Tilla Ag Zeïni tous membres de la délégation de la CMA présents à Bamako pour la mise en œuvre de l’Accord face à la presse pour les 6 ans de la signature de l’Accord issu du processus d’Alger.
Sur la question de la relecture de l’Accord d’Alger, les membres de la CMA présents à la conférence sont unanimes que cette possibilité est une boite à pandore qu’il ne faut jamais ouvrir. Selon leur porte-parole Almaouloud Ould Ramadan, toutes les parties signataires ont des revendications qu’elles veulent mettre. « La relecture de l’Accord de paix nous permettra, nous aussi de ramener tout ce que nous n’avons pas pu y mettre à Alger », a-t-il souligné. « Aucune partie n’est satisfaite de l’Accord. Nous c’est la communauté internationale qui nous a forcés à signer l’Accord. Nous ne voulions pas signer », a laissé entendre Tilla Ag Zeïni.
Pour les membres de la délégation, l’Accord prend déjà en compte les grands aspects qui sont la souveraineté de l’Etat, l’unité nationale, l’intégrité territoriale et la forme républicaine de l’Etat. « Si une des parties estime qu’un de ces domaines est violé, la partie peut saisir le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) pour la modification », a expliqué Attaye pour démontrer les raisons et la procédure qui pourront amener l’Accord à être modifié. Sans ces domaines, aucune autre modification.
« Cette relecture risque d’ouvrir l’Accord à d’autres négociations qui n’aboutiront pas. Cela entrainera la non application de l’Accord », ont avancé les conférenciers avant d’avertir que cette non-application aura pour conséquence la reprise des hostilités notamment entre le Mali et les groupes armés. « Tout engagement politique, tout conflit qui génère et qui n’a pas été traité a donc pour conséquence le retour du conflit. C’est un principe universel. Cet engagement n’est pas tenu, on ne peut pas garantir qu’il n’y aura pas problème », craint Attaye Ag Mohamed, le chef de la délégation.
Par contre la CMA reste optimiste à travers la transition. « Le gouvernement de Transition à travers le Président de la Transition ne nous a pas montré un sentiment de refus par rapport à l’application de l’Accord. Il ne nous a pas sorti quelque chose qui porte à croire qu’il n’a une volonté de la faire », a révélé M. Attaye en appuyant ses propos par l’expression du Président de la Transition, Colonel Assimi Goïta « une mise en œuvre efficiente de l’Accord d’Alger ». La CMA se dit prête à aller défendre l’Accord jusque devant le CNT.
La CMA arrive aujourd’hui à organiser une conférence de presse à Bamako et livrer leur opinion en toute liberté et sécurité. « Cela prouve que le tabou est levé et que la confiance commence à s’installer », a reconnu le chef de la Délégation Attaye Ag Mohamed.
Koureichy Cissé
ACCORD DE PAIX D’ALGER
Six ans après la signature, les problèmes de sa mise en œuvre
Signé le 15 mai 2015 puis paraphé le 20 juin de la même année, l’Accord de paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger six ans après sa mise en œuvre fait l’objet de beaucoup de commentaires.
Après le forcing raté de l’armée malienne de prendre la ville de Kidal, bastion de la rébellion et qui a tourné au fiasco. Les autorités d’alors ont initié des pourparlers en Algérie avec les ex- rebelles de la (CMA) sous la houlette de la communauté internationale et après neuf mois de ronde qui ont permis aux deux parties d’acter le cessez-feu sur le terrain. Á la demande des autorités maliennes, la signature officielle de l’Accord a été faite à Bamako, le 15 mai 2015 et le 20 juin de la même année, pour ceux qui étaient retissants.
Six ans après sa signature, l’Accord de paix issu du processus d’Alger continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive par ceux-là mêmes qui ont apposé leur signature. Et si on doit faire un bilan des six ans excepté un cessez-le-feu correctement observé entre les groupes armés signataires et l’armée malienne, sa mise en œuvre demeure toujours un obstacle malgré les différents CSA et quand on fait une analyse les raisons de ces obstacles sont dues à la mauvaise foi des acteurs (groupe armée et l’Etat) qui jouent souvent à l’amateurisme d’une part et d’autre part un manque d’appropriation de ce document par la population. Ce qui fait qu’on a plus des réfractaires autour de l’Accord.
Raison pour laquelle aujourd’hui, d’Accord se trouve paralysé, aucune réforme majeure n’ayant pu être mise en place alors que les ex-séparatistes, non désarmés, se sont renforcés et dominent militairement aujourd’hui le nord du Mali et prêtent main forte aux groupes terroristes qui sévissent au Sahel.
D’ailleurs c’est ce qui a poussé l’ex-président nigérien, Mahamadou Issoufou à dire que le doute n’est pas permis, la mise en œuvre de l’Accord déstabilise la région et que : « Kidal est une menace pour la sécurité intérieure du Niger. »
L’assistanat de Sidi Brahim Ould Sidatt, qui a signé la version amendée de l’accord algérien au nom de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a créé la douche froide au sein des partenaires engagés pour la recherche de la paix et la stabilité au Mali.
Avec l’arrivée d’Abdoulaye Oumar Diop, au département des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, et qui est l’artisan de cet Accord, on espère qu’il va donner un coup de fouet pour sa mise en œuvre.
Ousmane Mahamane
Mali Tribune