Décidément, le coup administré par le Premier ministre lors de la formation du gouvernement à l’EPM et au FSD-SAP est resté en travers de la gorge de certains responsables politiques de l’ancienne majorité présidentielle. Et ce n’est nullement, l’ex-ministre des Affaires étrangères dans le dernier gouvernement d’IBK, Tiébilé Dramé qui peut démentir cette affirmation après la publication d’une déclaration, le 17 juin 2021 signée par le Comité directeur du Parena.
Avant la concrétisation d’un front contre la transition qui sera constitué principalement de l’Adema-Pasj et du Parena, Tiébilé Dramé décide de prendre le devant pour veiller sur les faits et gestes des nouvelles autorités de la transition phase II après la démission de Bah N’Daw et de son Premier ministre. Déjà, le bélier en chef et la direction du parti soupçonnent le président de la transition, Assimi Goïta et son Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, d’orchestrer un projet de prolongement de la transition. Selon la toute première déclaration du Parena rendue publique la semaine après la formation du gouvernement, une cacophonie s’installe au sommet de l’Etat sur des questions fondamentales. La direction du Parena va plus loin dans ses insinuations sur la démarche dans la conduite de la transition. « Le premier ministre, lors de sa réunion avec les membres de son gouvernement, le 13 juin, ignorant l’engagement présidentiel, annonce l’ouverture d’un chantier hasardeux comme celui des ‘’assises nationales de la refondation’’ sur ‘’instruction’’, dit-il, du président de la transition »
Pour le Parena, cette déclaration de Choguel est contraire aux engagements du col Assimi Goïta lors de son investiture le 7 juin 2021. Lors de cette audience solennelle devant la Cour suprême, le président de la transition s’est engagé à conduire le processus transitoire sur la base d’une feuille route. Cette feuille de route est axée sur des actions prioritaires nécessaires à la réussite de la transition. Il s’agit notamment de l’organisation des élections aux échéances prévues. Tiébilé Dramé et ses camarades estiment que le premier ministre entretient un flou artistique sur le respect de la durée convenue de la transition. Le porte-parole du Parena, Sidi El Moctar Kounta, enfonce le clou : « Nous aurions aimé que ce ne soit pas le cas, mais le fait est qu’il s’installe de plus en plus dans une cacophonie au sommet de l’Etat. Le Premier ministre, ignorant l’engagement présidentiel, annonce l’ouverture d’un chantier aussi hasardeux, comme celui des Assises nationales de la refondation. Le Premier ministre entretient un flou artistique sur le respect de la durée convenue de la transition ».
Pour lui, les Assises nationales de la refondation vont forcément entraîner un prolongement de la période transitoire : « Les chantiers que le Premier ministre veut ouvrir visent à préparer les conditions d’un prolongement de la période transitoire parce que le temps restant ne saurait suffire pour entreprendre l’organisation non consensuelle d’assises de la refondation. Ensuite, de conduire aussi toutes les réformes et organiser la présidentielle et les législatives. Est-ce que le temps le permet ? Est-ce que les moyens mêmes de l’Etat le permettent ? Cela n’a été décidé nulle part, ce n’est convenu avec personne. Et combiner avec toutes les autres formes, plus les élections… Le temps me paraît trop court pour faire tout cela », a déclaré Sidi El Moctar Kounta sur les antennes d’une radio étrangère.
Pour être auprès de la marmite, le parti de Tiébilé Dramé propose aux autorités de la transition de prendre langue avec les forces vives pour actualiser la feuille de route et convenir des modalités d’organisation des élections devant marquer la fin de la transition.
Mais comment accorder un crédit aux inquiétudes de ce parti connaissant le passé politique de Tiébilé Dramé qui part toujours sécher le linge là où le soleil brille.
Pour rappel, après son séjour à la tête du ministère des Zones arides et semi-arides, un département sans contenu fabriqué par son beau-père, Alpha Oumar Konaré, Tiébilé Dramé a bénéficié de la largesse du président Amadou Toumani Touré pour conduire la Commission d’organisation du Sommet Afrique-France en 2005. Après la gestion fluctuante de cette manne financière, l’homme a connu une période de vache maigre. Pour se faire une nouvelle santé politique et échapper sûrement à la justice qui disposait à son encontre un rapport sur sa gestion de ladite commission, il a décidé de basculer du jour au lendemain dans l’opposition. Mais ce revirement est passé inaperçu puis que le joker politique dans son inconstance est rentré dans le dernier gouvernement d’ATT en occupant le département de la Jeunesse et des Sports à travers Djiguiba Keïta dit PPR.
Le dernier revirement de Tiébilé Dramé date de la signature de l’Accord politique proposé par Boubou Cissé, premier ministre en son temps pour intégrer le denier gouvernement d’IBK. Il a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. On se rappelle encore avant cette invitation à la table du festin, l’enfant de Nioro du Sahel, non moins ancien directeur de campagne de Soumaila Cissé avait broyé du noir au sein de l’opposition. A la lumière de ce passé peu digne d’un homme politique de la dimension du « petit monsieur » comme l’a surnommé IBK, il serait très difficile pour les avertis d’accorder un crédit à cette déclaration du Parena.
Nouhoum DICKO
L’Alerte